L’Afrique abrite d’immenses réserves pétrolières, représentant environ 7% des réserves mondiales prouvées, avec des producteurs majeurs comme le Nigeria, l’Angola, l’Algérie et la Libye. Pourtant, le continent souffre d’un paradoxe frappant : malgré cette abondance de pétrole brut, la capacité de raffinage demeure insuffisante, obligeant de nombreux pays africains à exporter leurs matières premières et à importer des produits raffinés à prix fort. Cette dépendance coûteuse limite le développement économique local et la création de valeur ajoutée. Quelques initiatives prometteuses émergent toutefois, comme la raffinerie Dangote au Nigeria, inaugurée en 2023, qui transforme la dynamique énergétique régionale avec une capacité de 650 000 barils par jour. C’est dans cette lignée que l’Ouganda s’apprête à franchir un pas décisif vers l’autonomie énergétique.
Un partenariat stratégique ougando-émirati
Le gouvernement ougandais vient d’annoncer la signature d’un accord historique avec Alpha MBM Investments LLC, une société basée aux Émirats arabes unis, pour la construction de sa première raffinerie de pétrole. Ce projet d’envergure, estimé à quatre milliards de dollars, prendra racine dans la région occidentale du Graben Albertine, plus précisément à Kabaale dans le district de Hoima.
L’accord établit une répartition claire du capital : Alpha MBM Investments détiendra une participation majoritaire de 60%, tandis que les 40% restants reviendront à l’entreprise publique Uganda National Oil Company. Cette structuration permet à l’Ouganda de conserver un intérêt significatif dans ce projet stratégique tout en bénéficiant de l’expertise et des capitaux émiratis.
Une infrastructure moderne pour transformer l’économie locale
Le président ougandais Yoweri Museveni a souligné l’importance transformationnelle de cette initiative lors de la cérémonie de signature : « À travers cette raffinerie de pétrole, il s’agira aussi pour l’Ouganda de produire et d’exporter des produits raffinés au lieu d’en importer. Nous devons cesser d’exporter des matières premières, et ajouter de la valeur à tout ce que nous produisons. »
Le complexe industriel affichera une capacité de traitement de 60 000 barils par jour, un volume significatif pour un pays qui fait ses premiers pas dans le raffinage pétrolier. Le projet ne se limite pas à la raffinerie elle-même, mais comprend également la construction d’un oléoduc multiproduits de 212 kilomètres. Cette infrastructure cruciale reliera la raffinerie de Kabaale à un terminal de stockage situé à Namwabula, dans le district de Mpigi, facilitant ainsi la distribution des produits raffinés à travers le pays et potentiellement vers les marchés régionaux.
Cette initiative ougandaise illustre une tendance croissante en Afrique : la volonté de développer des infrastructures de raffinage locales pour capturer davantage de valeur de la chaîne pétrolière et réduire la dépendance aux importations de produits finis.
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