Les relations entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky ont connu de multiples tensions depuis plusieurs années. Dès le premier mandat de Trump, leur relation s’était détériorée suite à la conversation téléphonique controversée de 2019 ayant mené à la première procédure de destitution contre Trump. Cette méfiance mutuelle s’est renforcée avec le retour de Trump à la Maison-Blanche. Le 28 février 2025, une rencontre entre les deux dirigeants a dégénéré en confrontation publique, Trump accusant Zelensky de manquer de gratitude pour l’aide américaine et l’exhortant à accepter un cessez-le-feu immédiat avec la Russie. Face aux réticences de Zelensky, qui réclamait des garanties de sécurité, les discussions ont échoué. Trois jours après cette rencontre désastreuse, l’administration Trump a suspendu l’aide militaire à l’Ukraine, précipitant une crise diplomatique entre Washington et Kyiv.
« On ne se lance pas contre un adversaire vingt fois plus puissant »
Le président américain Donald Trump a lancé lundi une nouvelle salve de critiques contre son homologue ukrainien, qualifiant la stratégie de Kyiv d’irréfléchie. Lors d’une rencontre avec le président salvadorien Nayib Bukele dans le Bureau ovale, Trump a exprimé son exaspération face aux demandes répétées d’armement de la part de Zelensky. « Il cherche toujours à se procurer des missiles. Écoutez, lorsque vous commencez une guerre, vous devez savoir que vous pouvez l’emporter. Vous ne commencez pas une guerre contre quelqu’un 20 fois plus grand que vous et puis espérez que les gens vous livrent des missiles », a déclaré le président américain.
Ces propos révèlent une vision particulière du conflit russo-ukrainien, où Trump semble considérer que l’Ukraine porte une responsabilité dans le déclenchement des hostilités — une lecture qui contredit la position traditionnelle américaine reconnaissant la Russie comme agresseur. Cette interprétation rappelle la métaphore d’un boxeur poids plume qui défierait un poids lourd sans préparation adéquate, puis solliciterait l’aide des spectateurs pendant le combat. Trump suggère ainsi que Zelensky aurait dû évaluer plus judicieusement le rapport de forces avant de résister à la Russie.
Un triumvirat responsable des « millions de morts »
Le président américain a également distribué les responsabilités concernant les conséquences humaines du conflit. « Vous avez des millions de gens qui sont morts à cause de trois personnes. Disons Poutine en premier. Mais aussi Biden, qui n’avait aucune idée de ce qu’il faisait, en second, et Zelensky », a-t-il affirmé. Cette déclaration attribue la responsabilité principale à Vladimir Poutine, tout en blâmant sévèrement son prédécesseur Joe Biden pour une gestion jugée incompétente de la crise, et Zelensky pour avoir poursuivi une résistance coûteuse en vies humaines.
Trump maintient que « cette guerre n’aurait jamais dû se produire« , suggérant qu’une diplomatie plus habile aurait pu éviter le conflit. Cette perspective tranche nettement avec celle de l’administration Biden, qui avait misé sur un soutien militaire massif à l’Ukraine pour contrer l’agression russe. La vision trumpienne évoque davantage une approche transactionnelle des relations internationales, où les alliances sont conditionnées par les capacités des parties et les perspectives réalistes de succès, plutôt que par des principes idéologiques ou des engagements historiques.
Vers une paix négociée à l’horizon?
Malgré ses critiques, Trump a réaffirmé sa volonté de mettre un terme au conflit. « Tout ce que je peux faire c’est d’essayer d’y mettre fin. Je veux mettre fin à la tuerie et, je pense, qu’on progresse bien à cet égard« , a-t-il assuré, laissant entendre que des négociations seraient en cours. Le président américain a également signalé qu’il s’attendait à « de bonnes propositions très prochainement« , sans préciser leur nature ni leur provenance.
Ces déclarations surviennent dans un contexte de pression croissante sur l’Ukraine. Depuis la suspension de l’aide militaire américaine début mars, Kyiv fait face à des difficultés accrues sur le front oriental. La position de Trump semble pointer vers une solution négociée qui pourrait impliquer des concessions territoriales de la part de l’Ukraine — une option jusqu’ici catégoriquement rejetée par Zelensky.
La stratégie de Trump, comparable à celle d’un médiateur impatient dans une négociation immobilière, vise à créer une pression maximale pour accélérer un accord. Cependant, cette approche risque de favoriser une paix dictée par le rapport de forces militaires plutôt que par le droit international, avec des conséquences potentiellement durables pour l’architecture de sécurité européenne et la crédibilité des engagements américains à l’étranger.
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