Les géants technologiques américains entretiennent depuis longtemps des relations ambiguës avec Pékin. L’immense marché chinois représente un potentiel commercial colossal : 1,4 milliard de consommateurs et un écosystème numérique en pleine expansion. Cette perspective de croissance pousse les entreprises américaines à cultiver des liens avec les autorités chinoises, malgré les différends géopolitiques entre Washington et Pékin. Les concessions peuvent être importantes : respect des lois locales de censure, partage de données avec le gouvernement chinois, ou compromis sur certaines valeurs démocratiques fondamentales. Cette quête d’accès au marché chinois crée des tensions avec les priorités de sécurité nationale américaines, d’autant plus que la compétition technologique entre les deux puissances s’intensifie dans des domaines stratégiques comme l’intelligence artificielle.
Des révélations explosives devant le Sénat
Une ancienne cadre de Facebook a lancé de graves accusations contre le géant des réseaux sociaux lors d’une audition au Sénat américain. Sarah Wynn-Williams, qui a occupé le poste de directrice des politiques publiques mondiales chez Facebook (devenu Meta) de 2011 à 2017, affirme que l’entreprise a sacrifié la sécurité nationale américaine pour s’attirer les faveurs de Pékin.
« Pendant ces sept années, j’ai vu les dirigeants de Meta compromettre la sécurité nationale américaine et trahir les valeurs américaines. Ils ont agi dans l’ombre pour gagner les bonnes grâces de Pékin et bâtir une activité de 18 milliards de dollars en Chine », a-t-elle déclaré dans son témoignage préparé.
L’ex-cadre a également révélé que Meta aurait supprimé le compte Facebook d’un dissident chinois résidant aux États-Unis, cédant ainsi aux pressions du régime chinois. Selon elle, « nous sommes engagés dans une course à l’armement de l’IA à forts enjeux contre la Chine. Et durant mon passage chez Meta, les dirigeants de l’entreprise ont menti sur leurs relations avec le Parti communiste chinois aux employés, aux actionnaires, au Congrès et au public américain. »
Meta a vigoureusement contesté ces allégations dans un communiqué, les qualifiant de « déconnectées de la réalité et truffées de fausses déclarations. » L’entreprise ajoute que « bien que Mark Zuckerberg lui-même ait évoqué publiquement notre intérêt à proposer nos services en Chine, fait largement rapporté depuis plus d’une décennie, la réalité est que nous n’opérons pas nos services en Chine aujourd’hui.«
Des tentatives d’intimidation pour faire taire les critiques
Le témoignage de Wynn-Williams survient quelques jours avant l’ouverture d’un procès antitrust majeur contre Meta. L’action intentée par la Commission fédérale du commerce pourrait contraindre l’entreprise à céder Instagram et WhatsApp.
Son livre « Careless People », un récit explosif de son expérience au sein du géant des médias sociaux, s’est vendu à 60 000 exemplaires dès sa première semaine de parution. L’ouvrage a atteint le top 10 des meilleures ventes sur Amazon.com, malgré les efforts de Meta pour discréditer l’œuvre et empêcher l’auteure de parler de ses expériences au sein de l’entreprise.
Selon le sénateur Richard Blumenthal, démocrate du Connecticut, Meta aurait utilisé « une campagne de menaces et d’intimidation » pour réduire au silence l’ancienne dirigeante. Ces révélations interviennent dans un contexte de tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine concernant la domination technologique, particulièrement dans le domaine de l’intelligence artificielle, désormais considéré comme stratégique par les deux superpuissances.
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