Maghreb : exportation record de tomates vers l'Europe

Depuis plusieurs années, le Maroc s’impose comme un acteur agricole incontournable sur la scène internationale. Son climat favorable, la modernisation progressive de ses infrastructures agricoles et les efforts déployés dans la logistique d’exportation ont permis au pays de tisser des liens commerciaux solides avec les marchés européens et nord-américains. Les tomates, les agrumes et les fruits rouges figurent parmi les produits les plus convoités, offrant une fraîcheur constante à des consommateurs souvent tributaires de l’importation hors saison. Ce dynamisme agricole est aussi soutenu par une main-d’œuvre abondante et des politiques incitatives tournées vers l’export. Aujourd’hui, cette stratégie porte ses fruits de manière spectaculaire.

Une percée marocaine sur le marché scandinave

Alors que les pays européens dominent traditionnellement le marché norvégien en matière de production maraîchère, le Maroc a fait une entrée fracassante en bousculant la hiérarchie. Entre juillet 2024 et mars 2025, le Royaume chérifien a acheminé 5 000 tonnes de tomates vers la Norvège, soit une progression fulgurante de 37,9 % par rapport à la même période l’année précédente. Ce chiffre dépasse de 28,9 % le total enregistré sur toute la saison 2023-2024. Ce bond quantitatif n’est pas anodin : il témoigne d’une organisation logistique affûtée, mais aussi d’un positionnement de plus en plus compétitif sur les marchés hautement exigeants du nord de l’Europe.

Fait encore plus marquant, la part de marché du Maroc en Norvège est passée de 6 % à plus de 29 % sur les neuf premiers mois de la saison actuelle. Autrement dit, près d’un tiers des tomates consommées dans ce pays scandinave proviennent désormais du Maroc. Cette percée a propulsé le Royaume au rang de troisième fournisseur de tomates en Norvège, derrière les géants espagnol et néerlandais.

Janvier, un mois décisif dans la saison 2024-2025

Le mois de janvier 2025 a marqué un tournant pour les exportations marocaines. Avec un volume record de 1 150 tonnes expédiées vers la Norvège en seulement quelques semaines, il a incarné le pic d’un effort logistique savamment orchestré. Cette performance est d’autant plus remarquable qu’elle intervient au cœur de l’hiver, période durant laquelle la demande en produits frais explose dans les pays nordiques.

Ce pic d’exportation s’explique en partie par les contraintes climatiques rencontrées par d’autres fournisseurs européens. Là où les serres espagnoles ou néerlandaises peuvent subir les contrecoups d’une météo capricieuse ou de coûts énergétiques élevés, les exploitations marocaines bénéficient de conditions naturelles stables, avec une lumière abondante et un coût de production plus maîtrisé. Résultat : une disponibilité accrue et des prix compétitifs, qui séduisent les importateurs européens en quête de régularité.

Conséquences économiques et enjeux commerciaux

Derrière ces chiffres se dessinent des enjeux de souveraineté commerciale pour le Maroc. Chaque cargaison envoyée vers la Norvège est un pas de plus vers la consolidation de son statut d’exportateur fiable et incontournable. En occupant des marchés réputés pour leur exigence, comme celui de la Norvège, le Maroc diversifie ses débouchés et réduit sa dépendance vis-à-vis de ses partenaires traditionnels, notamment la France et l’Espagne.

Cette dynamique s’accompagne aussi de retombées économiques significatives pour les régions agricoles marocaines. L’essor des exportations crée des opportunités d’emploi, stimule l’investissement dans les chaînes logistiques et renforce les structures de production. À l’image d’un joueur de football qui réussit à intégrer un championnat d’élite, le secteur agricole marocain s’invite désormais dans les ligues majeures du commerce international.

En parallèle, cette montée en puissance interpelle aussi sur le plan écologique et social. Si la compétitivité marocaine repose en partie sur des coûts faibles et des ressources naturelles abondantes, elle devra aussi composer, à moyen terme, avec les enjeux de durabilité. L’exportation massive de tomates, culture gourmande en eau, dans un contexte de stress hydrique croissant, pose des questions auxquelles les autorités devront répondre pour maintenir cet élan sans compromettre l’équilibre local.


Le succès des tomates marocaines en Norvège ne relève pas du simple hasard. Il s’agit du résultat d’un savoir-faire agricole confirmé, d’un maillage commercial renforcé et d’une stratégie d’ouverture sur des marchés exigeants. En atteignant des records d’exportation tout en élargissant sa part de marché dans un pays aussi éloigné que la Norvège, le Maroc démontre sa capacité à jouer dans la cour des grands, tout en posant les jalons d’une réflexion plus large sur la durabilité de son modèle agricole.

Laisser un commentaire