Migrants aux USA : ce pays africain veut en accueillir

Photo d'illustration : Mathieu Galtier/IRIN

En 2022, le gouvernement rwandais s’était engagé dans un accord avec Londres visant à recevoir des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni. L’idée : transférer des demandeurs d’asile vers le Rwanda, où leurs dossiers seraient traités, en échange d’un soutien financier substantiel. Malgré l’échec retentissant de son accord avec le Royaume-Uni pour accueillir des migrants refoulés, le petit pays d’Afrique centrale se lance dans une nouvelle entreprise diplomatique pour le moins singulière. Cette fois, ce sont les États-Unis qui sont sollicités. Pourquoi le Rwanda s’acharne-t-il à vouloir devenir une terre de relocalisation pour des personnes rejetées par les grandes puissances ? Le mystère intrigue autant qu’il questionne.

Des discussions avec Washington, mais dans quel but ?

Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a confirmé à la télévision nationale que des discussions sont en cours avec les États-Unis pour accueillir des migrants expulsés. Aucun détail concret sur la nature de ces migrants ni sur les conditions proposées n’a encore été dévoilé. L’annonce, sobre mais lourde de sens, relance la même interrogation que lors du projet britannique : qu’a donc à gagner le Rwanda dans ce type d’accord ?

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On ne parle pas ici d’un pays doté d’une économie florissante capable d’absorber de grandes vagues migratoires. Ni d’un État réputé pour son hospitalité à l’égard des étrangers. Le Rwanda semble, au contraire, miser sur ces deals comme des cartes diplomatiques à haute valeur. Mais pour un pays qui souffre encore d’un déficit d’image en matière de droits de l’homme, cette stratégie peut apparaître comme une tentative de réhabilitation à l’international, tout autant qu’une opportunité financière.

Une diplomatie du paradoxe

À y regarder de plus près, l’attitude du Rwanda ressemble à une forme de diplomatie du paradoxe. Alors que nombre de pays ferment leurs frontières ou peinent à offrir des conditions dignes aux migrants, Kigali se présente comme un havre possible pour des personnes rejetées ailleurs. Cela pourrait s’apparenter à un pari sur l’image, un coup diplomatique destiné à montrer que le Rwanda est un partenaire « utile » aux puissants. En acceptant de gérer les migrants que d’autres ne veulent pas, le pays se positionne comme un exécutant volontaire de tâches politiquement sensibles.

Mais cette posture pose question. Le Rwanda est-il vraiment en capacité d’assurer la sécurité juridique et le bien-être de ces migrants ? Si la manœuvre est avant tout stratégique, elle risque de transformer le pays en simple plateforme de délestage pour les puissances occidentales, sans véritable engagement en faveur des personnes concernées.

De plus, cette insistance à vouloir devenir un centre d’accueil migratoire international, alors que tant de défis internes persistent — économiques, sociaux, politiques — peut donner le sentiment que Kigali joue une partition diplomatique qui dépasse largement ses moyens réels.

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Des migrants comme monnaie d’échange ?

Dans un monde où les migrants sont de plus en plus traités comme des variables d’ajustement géopolitique, le Rwanda semble vouloir faire des accords migratoires un levier d’influence. En échange de l’accueil de personnes refoulées, il peut obtenir des financements, des projets de développement, ou renforcer ses liens avec des partenaires puissants.

Cette logique inquiète : le sort de ces hommes et femmes devient alors secondaire face aux objectifs de positionnement international. Le Rwanda, déjà engagé dans des interventions militaires régionales et dans une politique extérieure très active, poursuit ici une stratégie peu conventionnelle, mais calculée.

Loin d’être une simple curiosité, cette volonté persistante d’accueillir des migrants refoulés interpelle sur les motivations profondes d’un État qui entend jouer dans la cour des grands — en assumant un rôle que bien peu de pays veulent endosser.

2 réponses

  1. Avatar de Kpalingan
    Kpalingan

    Enfin je peux voir le visage de mon Aziz le peulh, maitre dans l’art de smer la pagaille et la zizanie; Depuis qu’il a son OQTF, on ne lui a pas encore trouvé une destination, car il est plus indo-soudano-guinéen-NigeRieno que fon du Bénin
    Qu’il aille chez Boko

  2. Avatar de Colonel Fanguédjougué Kpèkpèro
    Colonel Fanguédjougué Kpèkpèro

    Me Jacques Vergès
    Encore notre Aziz national, le peulh assis devant , dans sa veste marron atchouta récupéré à la déchetterie de Aulnay sous-Bois, et son Jean replié, toujours assis en attendant qu’on lui trouve un pays d’accueil.
    Au Bénin, nouss ne voulons plus de lui, qu’il aille chez Mahamat Déby ou chez Assimi Goïta

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