Affaire Musk contre OpenAI : la juge fédérale recadre les deux parties et restreint les arguments

Le litige opposant Elon Musk à OpenAI, toujours en cours devant un tribunal fédéral en Californie, prend une nouvelle tournure. La juge Yvonne Gonzalez-Rogers, chargée du dossier, a restreint la liste des éléments de défense présentés par l’équipe de Sam Altman, estimant que beaucoup étaient répétitifs, hors sujet ou juridiquement peu fondés. Dans sa décision, elle n’épargne aucun des deux camps et reproche aux avocats de Musk d’avoir tenté d’écarter la totalité des contre-arguments, une manœuvre qu’elle juge inefficace et chronophage.

Ce face-à-face judiciaire, qui concerne deux figures emblématiques de la Silicon Valley, est observé de près par l’écosystème technologique mondial. À plusieurs reprises, la magistrate a exprimé son agacement face à ce qu’elle perçoit comme un affrontement d’intérêts privés entre acteurs ultrafortunés. À ses yeux, cette affaire met en scène des personnalités aux moyens considérables, prêtes à épuiser le système judiciaire dans une lutte d’influence. Selon Les Numériques, elle affirme se retrouver face à « des milliardaires opposés à d’autres milliardaires ».

OpenAI accusée de dérive commerciale

Dans sa plainte initiale, déposée en 2024, Elon Musk accuse Sam Altman et ses partenaires d’avoir fait évoluer OpenAI à l’encontre de l’accord de départ, signé lors de la mise en place collective en 2015. Selon Musk, la structure a été transformée en une entreprise commerciale visant des gains financiers, sans son consentement, alors qu’elle devait rester une organisation à but non lucratif. Il affirme avoir été écarté des grandes décisions stratégiques et trahi sur les objectifs réels du projet.

La procédure expose aussi comment Altman aurait orchestré le développement d’un système économique et financier au service d’OpenAI LP, aujourd’hui valorisée à près de 100 milliards de dollars. Ce modèle aurait permis à Altman de centraliser les leviers de pouvoir au sein de la direction, tout en profitant de l’expertise et des ressources initialement mises en commun.

Une défense rétrécie mais un procès toujours en marche

Face à ces accusations, l’équipe juridique d’OpenAI a riposté en présentant 55 moyens de défense, certains apportant des faits nouveaux absents de la version de Musk. Mais la juge a estimé que ces arguments dispersaient inutilement les débats et en a conservé seulement ceux qu’elle considère comme juridiquement recevables. Elle a par ailleurs souligné que l’affaire devait désormais avancer sans perdre de vue l’essentiel.

Le calendrier judiciaire commence à se préciser : le choix des membres du jury débutera à partir du 30 mars 2026, ouvrant une phase déterminante du procès, davantage axée sur l’examen des faits.

Alors que la concurrence autour de l’intelligence artificielle générative s’intensifie, ce procès soulève des questions clés sur la gouvernance, l’éthique et le pouvoir dans le secteur technologique. Il montre aussi les tensions qui peuvent émerger quand des projets à vocation ouverte prennent une tournure économique d’envergure.

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