Afrique : ce territoire stratégique cherche l'appui des États-Unis

Depuis plus de trois décennies, le Somaliland tente de faire entendre sa voix sur la scène internationale. Cette région située au nord-ouest de la Somalie, qui s’est autoproclamée indépendante en 1991, propose aujourd’hui une alliance stratégique à Washington, mêlant enjeux militaires, économiques et géopolitiques. Objectif : obtenir une reconnaissance officielle en tant qu’État souverain.

Une base militaire en mer Rouge et des ressources critiques à la clé

Le président Abdirahman Mohamed Abdullahi, entré en fonction en 2024, a fait savoir que son gouvernement était prêt à accueillir une base militaire américaine près du détroit de Bab el-Mandeb, passage maritime stratégique à l’entrée de la mer Rouge. Cette position offrirait à Washington un point d’appui crucial dans une zone sensible, notamment depuis que des attaques de navires s’y sont multipliées en lien avec le conflit au Yémen.

Selon Bloomberg, des discussions sont en cours entre les autorités du Somaliland et des responsables américains, y compris du département de la Défense, sur des partenariats en matière de sécurité, de lutte contre le terrorisme et de coopération économique. Le président a notamment évoqué la possibilité d’un accord sur des minéraux stratégiques comme le lithium, ressource clé pour les technologies vertes et les batteries.

« Si les États-Unis sont intéressés à débarquer au Somaliland, ils sont les bienvenus », a déclaré Abdullahi, cité par Bloomberg. Une déclaration qui marque une volonté assumée de faire de la stabilité du Somaliland un levier diplomatique.

Une diplomatie offensive, une reconnaissance toujours absente

Malgré cette offre, les États-Unis continuent officiellement de reconnaître la Somalie dans ses frontières actuelles, incluant le Somaliland. Le département d’État a réaffirmé qu’aucun processus de reconnaissance n’était engagé, tout en reconnaissant l’existence d’un dialogue avec les autorités de Hargeisa. Cela reflète un positionnement prudent dans une région où les enjeux sécuritaires restent élevés.

Depuis son indépendance proclamée en 1991, le Somaliland a mis en place ses propres institutions, un système démocratique local, et affiche une relative stabilité, contrastant avec la situation souvent chaotique dans le sud de la Somalie. Ce contraste alimente l’argumentaire des autorités somalilandaises en faveur d’un partenariat renforcé avec les puissances occidentales.

Une région convoitée dans une lutte d’influence mondiale

La Corne de l’Afrique reste un terrain stratégique dans la rivalité entre les États-Unis et la Chine. Pékin dispose déjà d’une importante base militaire à Djibouti, à moins de 300 km du territoire somalilandais. Pour Washington, toute présence renforcée dans la zone pourrait constituer un contrepoids à cette influence croissante, notamment sur les routes maritimes reliant l’océan Indien à la Méditerranée.

En proposant à la fois un ancrage militaire et un accès aux ressources, le Somaliland cherche à s’imposer comme un acteur incontournable de la région. Mais les enjeux diplomatiques restent complexes : toute reconnaissance officielle impliquerait une rupture avec la position historique des États-Unis sur l’unité somalienne, ce qui pourrait fragiliser leur coopération sécuritaire avec Mogadiscio.

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