Dans un contexte régional marqué par la surveillance accrue de ses capacités militaires, la Corée du Nord poursuit résolument le renforcement de sa flotte navale. Longtemps concentrée sur le développement de ses missiles balistiques et de ses capacités nucléaires, Pyongyang cherche désormais à affirmer sa puissance également en mer. La construction annoncée d’un troisième destroyer de 5 000 tonnes témoigne de cette volonté de diversification stratégique. Ce projet intervient alors que deux navires de guerre similaires ont déjà été mis à l’eau au cours de l’année, bien que l’un d’eux ait subi un échec majeur dès la tentative de mise à flot.
Une mobilisation au nom du Parti et de la souveraineté maritime
Le nouveau destroyer, désigné comme le « numéro 3 de classe Choe Hyon », est présenté par les autorités comme un navire de guerre redoutable. Sa construction a été lancée dans le chantier naval de Nampho, au sud-ouest de Pyongyang, un site clé pour l’industrie militaire nord-coréenne. L’objectif est clair : achever ce bâtiment d’ici au 10 octobre 2026, date emblématique correspondant à la fondation du Parti des travailleurs.
L’enjeu dépasse la simple livraison d’un bâtiment naval : il s’agit pour le régime de démontrer son efficacité industrielle et sa loyauté politique à travers un calendrier patriotique et symbolique. Le directeur du chantier a d’ailleurs exhorté les ouvriers à tenir les délais pour appuyer les orientations de défense nationale, dans une rhétorique qui mêle fierté technologique et engagement idéologique.
Un signal à la fois intérieur et extérieur
La décision de lancer un troisième destroyer intervient à un moment où la Corée du Nord redouble d’efforts pour affirmer son autonomie face aux pressions internationales. La référence à la « souveraineté maritime inviolable » reflète la volonté du régime de Kim Jong-un de dissuader toute tentative d’ingérence dans ses eaux territoriales. Mais elle sert aussi à renforcer la cohésion interne.
En mobilisant ouvriers et ingénieurs autour d’un objectif militaire concret, Pyongyang insuffle un sentiment d’urgence et de mobilisation collective. Le naufrage technique du premier destroyer, survenu en mai lors d’une tentative de mise à flot à Chongjin, n’a pas freiné cet élan. Au contraire, il semble avoir renforcé la détermination à démontrer que le pays est capable de surmonter les revers.
