Les fortunes colossales peuvent vaciller en quelques heures. Une déclaration, un geste symbolique ou une mauvaise conjoncture boursière suffit parfois à faire fondre des dizaines de milliards. Elon Musk vient d’en faire l’expérience brutale. En une journée, sa richesse personnelle a diminué de 15 milliards de dollars, conséquence directe d’un enchaînement de décisions controversées et d’une fébrilité croissante des marchés vis-à-vis de Tesla.
Une fortune fragilisée par un virage politique
L’annonce officielle de la création du « America Party », le nouveau mouvement politique lancé par Elon Musk, a agi comme un accélérateur de défiance. Le milliardaire, jusqu’ici plus connu pour ses paris technologiques que ses ambitions électorales, a choisi un moment stratégique pour affirmer ses préférences politiques. Cette nouvelle initiative s’ajoute à son opposition de plus en plus visible à Donald Trump, un retournement inattendu après des dons massifs (plus de 270 millions de dollars) en faveur de sa campagne présidentielle.
Mais cette offensive politique n’a pas convaincu Wall Street. Au contraire, elle a alimenté l’inquiétude des investisseurs, lassés par les prises de position personnelles de Musk qui débordent régulièrement dans l’univers professionnel. Résultat : le titre Tesla a chuté de près de 7 %, perdant plus de 21 dollars par action à la clôture du marché. Ce revers boursier pèse lourd sur la fortune du fondateur de SpaceX, déjà affaiblie par des mois de turbulences financières autour du constructeur automobile.
Tesla sous pression
La perte de valeur nette d’Elon Musk ne peut être dissociée de la trajectoire descendante de Tesla sur les derniers mois. Depuis janvier 2025, date d’entrée en fonction du président Trump, le titre a cédé 31 %, alors que le S&P 500, principal indice de référence à Wall Street, affiche une progression de 4 % sur la même période. Une contre-performance notable pour une entreprise considérée autrefois comme un baromètre de l’innovation américaine.
Le recul de l’action s’explique aussi par des fondamentaux fragilisés. Tesla a enchaîné deux trimestres consécutifs de baisse de ses livraisons de véhicules, une première depuis 2022. Les attentes élevées des investisseurs ne sont plus comblées, et certains analystes n’hésitent plus à revoir leur appréciation à la baisse. Le contexte géopolitique et commercial mondial, marqué par des incertitudes autour de nouveaux droits de douane, n’a fait qu’aggraver une tendance déjà négative.
La frontière trouble entre convictions personnelles et décisions stratégiques
Dans ce climat d’incertitude, l’attitude de Musk interroge. En brouillant les lignes entre ses convictions politiques et les choix stratégiques de ses entreprises, il fragilise la perception de sa gouvernance. Son implication active dans les débats électoraux, au-delà de ses contributions financières, suscite des remous jusque dans les conseils d’administration. La question n’est plus de savoir s’il a le droit d’agir ainsi — il en a évidemment le pouvoir — mais de mesurer l’impact de ces engagements sur la valeur des sociétés qu’il dirige.



