Au British Museum, où sont conservées des centaines de bronzes du Bénin, pillés au XIXe siècle, le rappeur et activiste nigérian Emmanuel Great Okugun, connu sous les noms de Gee Baller et Yaya Bandé, a conduit une action audacieuse. Brandissant un drapeau nigérian sur lequel était inscrit « Ceci a été volé à l’Afrique. Réparations ! », il a attiré l’attention du monde entier sur l’injustice liée à la rétention d’artefacts africains dans les musées occidentaux. Les vidéos et photos de cette action, publiées sur Instagram, ont provoqué une vague de réactions, devenant un symbole de la lutte pour la restitution du patrimoine culturel africain.
La musique comme forme de protestation
Emmanuel Great Okugun n’est pas seulement un musicien. Ses chansons, dans les genres drill, trap et afrobeat, parlent de la douleur du passé colonial et de la fierté de l’identité africaine. Dans son album Black Slides & White Socks (2022), il aborde les questions d’inégalités mondiales, où l’Occident continue de décider quelle histoire mérite d’être préservée. « Nos bronzes ne sont pas juste du métal, ce sont les voix de nos ancêtres », a déclaré Okugun dans une interview. Cet événement au musée s’inscrit dans la continuité de cette lutte, mais cette fois, non pas à travers la musique, mais par une action directe.
Les bronzes du Bénin : symbole d’une histoire volée

En 1897, les troupes britanniques ont pillé Benin City, capitale du royaume du Bénin, emportant des milliers d’artefacts sacrés et exiliant le roi (Oba). Les bronzes du Bénin, œuvres d’art uniques du peuple Edo, sont devenus des trophées des colonisateurs. Aujourd’hui, ils sont exposés dans des musées en Europe et aux États-Unis, malgré les demandes répétées du Nigeria de leur rapatriement. Pour Okugun, dont les racines plongent dans l’Esanland, lié au royaume du Bénin, ces reliques ne sont pas de simples objets d’exposition. « C’est notre mémoire, notre histoire. Les garder sous vitres à Londres est une insulte », souligne-t-il.
Réseaux sociaux et pétition : un appel à la justice

L’action d’Okugun au British Museum a suscité un large écho sur Instagram sous le hashtag #BringBackOurBronzes. La publication de la photo a recueilli des milliers de likes et des centaines de commentaires. Les utilisateurs ont exprimé leur colère et leur soutien :
« L’Occident qualifient nos reliques de ‘primitives’, et maintenant il s’en vante dans ses musées. Rendez-les ! » (@africanpride23). « Okugun est notre voix ! Il est temps de rendre ce qui a été volé » (@nigerianqueen_88). « Les réparations, ce n’est pas seulement pour les artefacts, c’est une question de respect pour l’Afrique » (@justice4africa)
Le musicien a appelé à signer une pétition sur Change.org intitulée « Rendez le patrimoine volé de l’Afrique : rapatriement et réparations maintenant ». Elle exige non seulement le retour des artefacts, mais aussi des compensations pour les crimes coloniaux. « Il ne s’agit pas seulement des bronzes. Il s’agit de la dignité de l’Afrique », a déclaré Okugun.
Une nouvelle étape dans la lutte
L’initiative d’Okugun coïncide avec un événement majeur : en 2025, le Musée d’art ouest-africain (EMOWAA) a ouvert ses portes à Benin City, destiné à accueillir les artefacts rapatriés. L’Allemagne et les Pays-Bas ont déjà commencé à restituer les bronzes, mais le British Museum, qui possède de la plus grande collection, continue d’esquiver ses responsabilités. « Ils craignent de créer un précédent », affirme Okugun. « Mais l’Afrique ne va plus attendre. »