Maghreb: ce pays bannit les cryptomonnaies

L’Algérie durcit le ton face aux monnaies numériques. Une nouvelle loi publiée au Journal officiel du 24 juillet 2025 interdit formellement toute activité liée aux cryptomonnaies sur son territoire comme le rapporte L’économiste Maghrébin qui cite Algerie360. Cette décision marque un tournant décisif dans la stratégie nationale de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Un cadre juridique renforcé contre les actifs numériques

Le texte de loi 25-10 révise en profondeur les dispositions précédentes, notamment celles de la loi 05-01 de 2005. Désormais, un volet spécifique s’attaque directement aux actifs virtuels, considérés comme hors de contrôle, instables et difficiles à tracer. À travers une série de mesures répressives, l’État entend couper court à toute forme d’usage, de promotion ou de détention de cryptomonnaies telles que le Bitcoin ou le Tether (USDT).

Le nouvel article 6 bis énonce une interdiction totale, sans ambiguïté. Sont désormais prohibés :

  • l’émission, la création ou l’exploitation de monnaies virtuelles ;
  • leur achat, vente, détention à des fins personnelles ou commerciales ;
  • l’utilisation comme moyen de paiement ou d’investissement ;
  • la publicité, la promotion ou la mise à disposition de plateformes d’échange ou de portefeuilles numériques.

Cette disposition législative étend donc son champ d’application au-delà du commerce et de l’investissement pour inclure toute activité liée, directe ou indirecte, à ces technologies.

Une logique dissuasive : prison ferme et amendes salées

Pour appuyer cette interdiction, l’article 31 bis de la loi introduit un dispositif de sanctions pénales et financières à l’encontre des contrevenants. Les peines prévues sont modulées en fonction de la gravité des faits constatés, mais peuvent atteindre :

  • une peine de prison ferme allant de deux mois à un an ;
  • une amende comprise entre 200 000 et 1 000 000 de dinars algériens ;
  • ou les deux à la fois.

L’objectif affiché est de disqualifier toute tentative d’usage des cryptomonnaies, qu’elle soit à visée individuelle, professionnelle ou spéculative. Les autorités judiciaires disposent ainsi d’un cadre clair pour sanctionner tout manquement à la loi, quelle que soit son ampleur.

Une posture régionale qui s’aligne sur le Maroc

Avec ce texte, l’Algérie suit une tendance déjà amorcée dans la région. Le Maroc, voisin maghrébin, avait déjà adopté une position similaire en interdisant l’usage des cryptomonnaies, notamment dans les transactions commerciales. Ces interdictions contrastent avec d’autres approches observées en Afrique ou ailleurs, où certains pays cherchent à encadrer plutôt qu’à interdire l’usage des actifs numériques, à travers des régulateurs dédiés ou des projets de monnaie numérique de banque centrale (MNBC).

Cette dynamique illustre une fracture mondiale sur la régulation des cryptomonnaies. Tandis que certains États y voient un levier d’inclusion financière ou un outil de diversification économique, d’autres, comme l’Algérie, mettent en avant les risques systémiques et sécuritaires associés à ces technologies.

Un verrou juridique à l’heure de l’adoption mondiale

La promulgation de cette loi intervient à un moment où l’usage des monnaies virtuelles connaît une adoption croissante à l’échelle internationale, tant chez les particuliers que dans le secteur financier. Ce choix législatif place donc l’Algérie à contre-courant d’une tendance globale, mais cohérent avec sa politique de prudence vis-à-vis des innovations perçues comme menaçant l’ordre économique établi.

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