Maghreb : le Niger sollicite ce pays pour relancer sa compagnie aérienne

Le Niger multiplie les initiatives diplomatiques et techniques pour renforcer son dynamisme aérien. Dernier acte en date : la demande officielle adressée au Maroc pour bénéficier de son expertise dans le lancement d’un nouveau transporteur national. Une démarche stratégique qui illustre l’ambition de Niamey de se doter d’une compagnie souveraine, à la hauteur des besoins de mobilité régionale et de développement économique.

Une coopération maroco-nigérienne tournée vers l’aviation

C’est à Rabat, au cours d’un échange entre le ministre marocain du Transport et de la Logistique, Abdessamad Kayouh, et son homologue nigérien, Abdourahamane Amadou, que la demande a été formulée rapporte Barlame. L’objectif du Niger est clair : bénéficier du savoir-faire marocain pour poser les fondations d’une compagnie aérienne nationale viable, capable de soutenir l’intégration régionale et de désenclaver le territoire.

Du côté marocain, la réponse est favorable. Le Royaume, fort de ses succès dans le domaine aéroportuaire – avec des hubs reconnus comme Casablanca et Marrakech – se dit prêt à fournir un appui technique, des formations spécialisées et une assistance réglementaire. Le pays dispose d’une longue expérience dans l’implémentation de standards internationaux en matière de sécurité, de régulation et d’exploitation des infrastructures aériennes.

Un projet aligné sur une vision géostratégique

Au-delà de la simple relance d’un transporteur, la démarche s’inscrit dans une dynamique plus vaste. Le Niger entend repositionner sa place dans la région, notamment en renforçant sa connectivité avec ses voisins directs et les pays côtiers. Cette initiative entre en résonance avec le plan « Atlantique » lancé en 2023 par le roi Mohammed VI, qui vise à offrir aux États sahéliens sans littoral, dont le Niger, un accès logistique et commercial renforcé à l’océan Atlantique.

La volonté de coopération s’étend également à l’échelle régionale. Niamey travaille de concert avec Ouagadougou et Bamako, ses partenaires au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), sur un projet de compagnie aérienne commune. Celui-ci viserait à relier efficacement les trois capitales, afin de favoriser les échanges intra-régionaux et de réduire la dépendance vis-à-vis des compagnies étrangères.

Des ambitions confrontées à des obstacles structurels

Si la volonté politique est affirmée, la concrétisation du projet reste conditionnée à la résolution de plusieurs défis. Le lancement d’une compagnie aérienne nécessite des investissements lourds, une structuration rigoureuse du marché et une stabilité réglementaire. Or, le contexte nigérien reste marqué par les retombées de la crise politique de 2023, qui avait entraîné la fermeture temporaire de l’espace aérien et l’interruption de plusieurs liaisons internationales.

À ce jour, les vols d’Air France sont toujours suspendus, et les aéronefs immatriculés en France ne sont pas autorisés à survoler le territoire nigérien. Leur retour n’est prévu qu’à partir de septembre 2025, selon les dernières annonces. Dans cet environnement incertain, la création d’une nouvelle compagnie nécessitera une coordination rigoureuse avec les partenaires techniques et financiers.

Un partenariat porteur de perspectives pour le Sahel

Malgré ces contraintes, l’initiative ouvre des perspectives tangibles pour le développement du secteur aérien dans la région sahélienne. La coopération entre Rabat et Niamey pourrait permettre au Niger de rompre avec une histoire marquée par des échecs successifs dans le domaine du transport aérien, après la disparition d’Air Niger en 1993 et de Niger Airlines en 2022.

Pour le Maroc, ce partenariat renforce sa diplomatie d’influence dans le Sahel, en capitalisant sur son savoir-faire logistique. Pour le Niger, il s’agit de poser les bases d’un nouvel outil stratégique au service de sa souveraineté et de son intégration régionale.

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