Mordu par une chauve-souris, il meurt d'une infection rare des mois plus tard

Bien que les projecteurs soient souvent braqués sur les pandémies globales, des virus beaucoup plus discrets, et souvent méconnus, continuent de causer des décès. Ces pathogènes rares, parfois confinés à une seule espèce animale ou à une région géographique précise, peuvent pourtant s’avérer tout aussi meurtriers. Certains, comme le virus de Marburg, le Nipah ou encore le virus de la vallée du Rift, suscitent l’inquiétude des scientifiques depuis des décennies. Leurs modes de transmission, souvent indirects et peu intuitifs, posent des défis en matière de prévention. C’est dans cette catégorie qu’entre le lyssavirus de la chauve-souris australienne, cousin insidieux de la rage, dont les effets dévastateurs viennent une nouvelle fois de se manifester.

Une morsure oubliée, des mois plus tard la mort

Un Australien d’une cinquantaine d’années a récemment perdu la vie après avoir été infecté par ce virus extrêmement rare, transmis par la salive d’une chauve-souris. La morsure, survenue plusieurs mois auparavant, n’avait pas immédiatement conduit à une hospitalisation, ce qui n’a rien d’exceptionnel dans le cas du lyssavirus. Ce pathogène, bien qu’identifié depuis 1996, est encore mal connu du grand public. Il se distingue par sa latence : les symptômes initiaux, proches d’une grippe — fièvre, maux de tête, fatigue — peuvent mettre des jours ou des années à se manifester. Mais une fois la maladie déclarée, l’évolution est foudroyante : paralysie progressive, épisodes de délire, convulsions… puis la mort.

Contrairement à la rage, dont la présence a été éradiquée du territoire australien, le lyssavirus reste actif au sein des populations de chauves-souris. Tous les spécimens sont susceptibles d’en être porteurs, même ceux qui paraissent sains. Et comme pour la rage, la transmission ne nécessite pas forcément une morsure profonde : une simple égratignure suffit à introduire le virus dans l’organisme. En l’absence de traitement curatif une fois les symptômes déclarés, seule la prévention immédiate après contact — vaccination ou prophylaxie post-exposition — peut éviter le pire.

Une vigilance insuffisante face à un danger silencieux

Ce décès porte à quatre le nombre de victimes humaines du lyssavirus depuis son identification en Australie. À première vue, le chiffre peut sembler faible, mais il ne reflète pas la dangerosité réelle du virus. Chaque cas humain connu s’est soldé par une issue fatale. Ce taux de létalité absolu interpelle. Le fait que ce virus ne provoque pas d’épidémies massives n’en fait pas un risque négligeable. Il agit en silence, se glissant dans l’angle mort des politiques de santé publique.

Dans un pays où les chauves-souris font partie de l’écosystème et peuvent être retrouvées aussi bien dans les zones rurales que dans les banlieues résidentielles, le risque de contact humain n’est pas théorique. De nombreux Australiens, mus par la compassion envers un animal blessé ou tombé au sol, peuvent être tentés de leur venir en aide. Une simple bonne intention suffit à créer un scénario dramatique. Les autorités sanitaires de Nouvelle-Galles du Sud rappellent d’ailleurs qu’il ne faut jamais manipuler ces animaux, quel que soit leur état.

Une tragédie évitable ?

Le décès de cet homme, survenu après une hospitalisation en état critique, ravive les interrogations sur le niveau d’information du public concernant ces infections rares. Alors que les campagnes de sensibilisation se concentrent souvent sur les menaces plus visibles, comme les virus respiratoires, certains dangers spécifiques passent sous les radars. La situation invite à renforcer l’éducation sanitaire autour des zoonoses et à améliorer l’accès rapide à des soins post-exposition.

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