Alors que les services météorologiques annonçaient depuis plusieurs semaines une saison particulièrement intense, les premières conséquences concrètes se sont fait ressentir ce 14 juillet à Tambacounda. Une pluie torrentielle a surpris les habitants, provoquant en quelques heures des dégâts considérables et réveillant le souvenir douloureux des inondations de l’an dernier dans le département voisin de Bakel. À l’époque, les autorités avaient dû activer une cellule de crise. Cette fois encore, la gravité de la situation pousse à s’interroger sur le niveau de préparation local face à un phénomène devenu presque cyclique dans l’Est du pays.
Le maire de la ville, contacté par Sud FM, a évoqué une quantité de précipitations dépassant les 97 mètres cubes, alors que l’averse n’était même pas terminée. Plusieurs quartiers, dont Sinthiou Malem et les Abattoirs, ont été complètement submergés. Des familles entières ont passé la nuit dans l’eau, sans secours immédiat. Les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des rues transformées en torrents, des habitations noyées, des citoyens armés de seaux ou de bâches tentant de sauver ce qui pouvait encore l’être.
Des infrastructures scolaires lourdement touchées
Ces intempéries interviennent à un moment critique pour les élèves du cycle moyen. Le CEM des Abattoirs, centre d’examen prévu pour le Brevet de fin d’études moyennes (BFEM), a subi d’importants dommages. Des salles de classe ont été inondées, le bureau du principal est inutilisable, et un pan entier du mur d’enceinte s’est effondré. L’événement survient à moins de 48 heures du lancement des épreuves, jetant un sérieux doute sur la possibilité d’assurer un déroulement normal de l’examen.
Les autorités locales n’avaient encore donné aucune consigne officielle dans la soirée, mais plusieurs enseignants redoutent une reprogrammation de dernière minute ou des perturbations dans l’accueil des candidats. Le stress causé par les conditions matérielles vient ainsi s’ajouter à celui des épreuves, posant un problème d’équité entre élèves selon les zones d’examen. Dans une région déjà pénalisée par les difficultés d’accès à l’éducation, cet épisode illustre à nouveau les conséquences d’une vulnérabilité structurelle face aux événements climatiques.
Une ville coupée, une réaction attendue
Le pont de Saraba, point névralgique pour accéder au centre-ville, a été englouti, isolant temporairement plusieurs quartiers périphériques. Des coupures de circulation ont paralysé les activités commerciales et administratives. Les ambulances, les véhicules de secours ou de livraison ont été ralentis, et les populations, abandonnées à elles-mêmes, dénoncent une absence de coordination d’urgence. Plusieurs voix se sont élevées pour appeler à une réaction immédiate du ministère de l’Intérieur, avec des moyens renforcés.
Au-delà de la simple réponse technique, l’événement soulève une question centrale : comment le Sénégal entend-il adapter ses infrastructures face à des épisodes climatiques de plus en plus fréquents et brutaux ? À Tambacounda, les habitants n’attendent plus de simples visites ou promesses. Ils réclament un plan de drainage cohérent, des équipements scolaires sécurisés, et une stratégie d’évacuation claire. Car à force de subir les mêmes drames, c’est la confiance dans la capacité de l’État à protéger ses citoyens qui s’érode.
À l’heure où le pays se projette vers des objectifs ambitieux à l’horizon 2050, la gestion de l’eau et des urgences devient un indicateur concret de la crédibilité des engagements pris. Le défi n’est plus météorologique, mais institutionnel.



