Ce qui se passe depuis quelques jours à Soussoung, village rattaché à Ndiaganiao, ne peut plus être qualifié de simple désaccord foncier. À l’origine de la discorde, deux autorisations d’exploitation minière délivrées en 2023 à Transfavo et Elikane, deux sociétés désormais en possession de plus de 80 hectares de terres cumulées. Ces décisions, héritées de l’époque du ministre Omar Sarr, ont mis le feu à une poudrière que les autorités locales peinent à contenir.
Dans ce territoire symbolique – commune natale du président Bassirou Diomaye Faye – les tensions ont explosé à la suite d’un nouveau rassemblement du Collectif pour la défense des terres de Soussoung, opposé à toute activité extractive jugée opaque ou imposée sans consultation préalable. La contestation a viré à l’affrontement, la gendarmerie est intervenue, et les premières interpellations n’ont pas tardé.
Une libération partielle, mais la colère demeure
Au total, 24 personnes ont été arrêtées lors de ces échauffourées. Quelques jours plus tard, 17 d’entre elles ont été relâchées, leur dossier ayant été classé sans suite. Pour autant, 7 manifestants demeurent toujours incarcérés, ce qui a ravivé la colère du collectif. Son porte-parole, Ndiome Thiaw, dénonce une injustice manifeste envers des citoyens qui défendent simplement leurs terres ancestrales. Le collectif exige leur « libération immédiate et inconditionnelle« , considérant leur détention comme disproportionnée.
En parallèle, le procureur a ordonné l’ouverture d’une information judiciaire, signe que les autorités judiciaires ne ferment pas la porte à une instruction plus approfondie. Les habitants redoutent une criminalisation du mouvement, au lieu d’un dialogue autour du fond du litige.
Un territoire rural face à la fièvre minière
Le cas de Soussoung illustre un malaise croissant dans les campagnes sénégalaises, confrontées à la multiplication des autorisations d’exploitation minière sans processus participatif clair. Dans un pays où la terre reste au cœur des identités locales et familiales, toute tentative de réaffectation, même légale, est vécue comme une dépossession brutale.
Ce qui aggrave la situation à Soussoung, c’est l’absence d’information accessible sur la nature exacte des ressources visées, les retombées économiques pour la commune, ou les mécanismes de contrôle environnemental. À défaut de transparence, les rumeurs prennent le relais et alimentent la défiance. Pour les populations, ces projets relèvent d’un extractivisme silencieux, mené loin des yeux mais avec des conséquences immédiates sur leur quotidien.
Ce dossier, par sa localisation à Ndiaganiao, prend une résonance politique particulière. Alors que le président Diomaye Faye a fait de la rupture, de la transparence et de la souveraineté citoyenne des piliers de son programme, les événements de Soussoung viennent interroger l’application concrète de ces principes sur le terrain.



