Sénégal : Un ancien chef du cadastre en prison pour escroquerie foncière

Ce qui aurait pu rester un simple contentieux civil a finalement débouché sur une incarcération pour Habib Niang, ancien chef du bureau du cadastre de Guédiawaye. Derrière ce dossier, une mécanique bien huilée d’escroquerie présumée, impliquant des montages immobiliers fictifs sur des terrains administrativement inexistants. Mais ce que révèle surtout cette affaire publiée par Libération, c’est l’existence probable d’un réseau structuré opérant à l’intérieur même des services de l’État.

Selon les premiers éléments de l’enquête menée par la Division des Investigations Criminelles (DIC), un second agent du cadastre, soupçonné d’avoir facilité les transactions frauduleuses, serait actuellement en fuite. Il aurait participé à la fabrication de documents censés authentifier la vente de terrains imaginaires. Cette complicité interne, si elle se confirme, laisserait entrevoir un système capable d’exploiter les failles du registre foncier avec une précision inquiétante.

Terrain fictif, argent bien réel

Deux plaintes distinctes ont été déposées ces dernières semaines contre Habib Niang, chacune documentant une opération foncière qui n’a jamais dépassé le stade de la promesse. Une victime a déboursé 21 millions de francs CFA, pensant acquérir une parcelle bien située à Guédiawaye. Une autre a versé 15 millions FCFA pour un terrain dont l’existence légale n’a jamais pu être confirmée. À chaque fois, les documents fournis portaient la signature ou le cachet d’un service administratif officiel, ce qui a convaincu les acheteurs de la régularité des démarches.

Face à la menace d’une détention prolongée, Habib Niang a procédé, en moins de 48 heures, au remboursement d’environ 31 à 36 millions de francs CFA. Ces restitutions ont permis d’initier une médiation pénale avec les plaignants, ce qui, dans d’autres cas, aurait pu suffire à calmer les poursuites. Mais cette fois-ci, le parquet de Pikine-Guédiawaye, dirigé par le procureur Salioù Dicko, a refusé de classer l’affaire.

Une fraude difficile à effacer

Le ministère public a jugé que les remboursements ne pouvaient être assimilés à une preuve d’innocence. Au contraire, le caractère répétitif du procédé laisse penser à une stratégie de tromperie plus étendue. Le fait que l’accusé ait pu mobiliser des sommes aussi importantes en un temps aussi court a également soulevé des interrogations sur la provenance de ces fonds et sur la profondeur du système mis en place.

L’affaire dépasse désormais le simple cadre des deux victimes initiales. Des vérifications sont en cours sur d’autres transactions enregistrées du temps où Habib Niang dirigeait le bureau du cadastre.

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