Voici comment l’Algérie veut transformer son surplus de ciment en or écologique

L’Algérie accélère la cadence de son industrialisation, avec un nouveau cap : faire du ciment vert un pilier de son développement productif et écologique. En misant sur cette solution à faible émission de carbone, le pays espère conjuguer performance industrielle et respect des normes environnementales en mutation. Le déploiement de trois grands projets de production dans les wilayas de Djelfa, Relizane et Adrar, annonce une nouvelle ère dans laquelle la durabilité ne freine plus la croissance, mais en devient l’un des moteurs.

Trois usines, cinq millions de tonnes, et une ambition claire

Ce sont au total cinq millions de tonnes de ciment vert qui sortiront chaque année des nouvelles unités industrielles lancées. À Djelfa, 1,5 million de tonnes sont attendues, tandis que l’unité de Relizane en produira 2 millions. À Adrar, c’est une nouvelle ligne de production qui viendra compléter l’usine existante, ajoutant 1,5 million de tonnes à la capacité nationale. Cette montée en puissance est pensée pour transformer un excédent structurel — 12 millions de tonnes de production en surplus en 2024 — en levier d’exportation stratégique.

Là où d’autres pays gèrent les excédents comme un problème, l’Algérie y voit un terrain d’opportunités, notamment sur les marchés exigeants d’Europe, où de nouvelles régulations interdiront, dès 2027, les matériaux trop émetteurs en carbone. Le ciment vert, conçu pour répondre à ces exigences, devient alors un passeport vers les marchés internationaux.

De la reconquête industrielle à l’exportation ciblée

Cette montée en gamme s’inscrit dans un contexte de transformation plus large du tissu industriel national. Le pays, passé en une décennie du statut d’importateur à celui d’exportateur net de ciment, cherche désormais à repositionner ses exportations dans des niches plus techniques et réglementées. Une logique d’anticipation qui se concrétise par la création d’un Conseil national des experts algériens du ciment vert, chargé de fédérer les compétences techniques, scientifiques et industrielles autour de cette filière stratégique.

À travers cette initiative, les autorités algériennes misent sur une approche coordonnée, mobilisant à la fois les ministères de l’Industrie et de l’Environnement, pour garantir une montée en qualité des standards de production et sécuriser les débouchés à l’international. Le ciment vert devient ainsi bien plus qu’un produit de substitution : il cristallise une vision industrielle fondée sur la valorisation des ressources existantes, l’optimisation des surplus et l’adaptation aux normes d’un commerce mondial de plus en plus climato-sensible.

L’appui technologique sud-coréen comme catalyseur

La stratégie algérienne ne se limite pas aux frontières du pays. Le groupe public GICA a récemment conclu un accord de coopération avec la Korea Cement Association, un partenariat inédit sur le continent. Cet accord, étalé sur deux ans, prévoit l’élaboration d’une feuille de route de décarbonation conjointe, avec un appui technologique direct des industriels sud-coréens, réputés pour leurs innovations en matière de réduction des gaz à effet de serre.

Ce rapprochement, qui fait figure de première en Afrique, permet à l’Algérie de ne pas rester isolée dans sa transition écologique industrielle. Il ouvre également la voie à des transferts de savoir-faire, à l’image de ce qui s’est fait dans le secteur de l’automobile ou des télécommunications, avec des résultats tangibles sur l’emploi et les capacités locales. Plus qu’un simple échange technique, ce projet révèle une volonté assumée de construire des ponts stratégiques avec les leaders de l’innovation environnementale.

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