Algérie - Espagne : le commerce rebondit après deux ans de tensions diplomatiques

Après plus de deux ans de gel liés aux tensions diplomatiques autour du Sahara occidental, les exportations espagnoles vers l’Algérie connaissent une envolée spectaculaire, signe d’un retour progressif à la normale entre les deux partenaires. La reprise commerciale entre l’Algérie et l’Espagne s’accélère.

Entre janvier et mai 2025, les exportations espagnoles à destination de l’Algérie ont atteint près de 900 millions d’euros, soit une progression de 162 % par rapport à la même période en 2024 rapporte Algérie Eco. Ce niveau les rapproche des performances enregistrées avant la crise diplomatique déclenchée en 2022. Le mois de mai illustre cette tendance de façon frappante : 217 millions d’euros de biens exportés, contre 54,5 millions un an plus tôt. Une croissance de près de 300 % qui confirme le retour de la dynamique bilatérale.

L’industrie céramique regagne du terrain

Parmi les secteurs moteurs de cette reprise figure en bonne place l’industrie céramique. Les entreprises espagnoles, notamment celles basées à Castellón, ont su reconquérir rapidement le marché algérien, face à une concurrence marquée de la Turquie et de l’Italie. En janvier-février 2025, elles ont vendu pour 17,8 millions d’euros de produits céramiques à l’Algérie, soit presque autant que les 19 millions facturés par l’Italie sur la même période.

Selon Manuel Breva, secrétaire général de l’ANFFECC, l’Algérie est en train de redevenir un débouché essentiel pour les exportateurs espagnols, notamment dans les domaines des frittes, émaux et pigments. Avant le gel, le pays représentait le deuxième marché d’exportation pour ce secteur, position qu’il semble en passe de retrouver.

Une diversification des secteurs concernés

Au-delà de la céramique, plusieurs filières bénéficient de l’embellie. Les exportations espagnoles vers l’Algérie concernent désormais un éventail plus large de produits : automobiles, équipements électriques, machines-outils, produits chimiques et agroalimentaires.

Djamal Eddine Bouabdallah, président du Cercle de commerce et d’industrie algéro-espagnol, note que les niveaux d’échanges sont désormais comparables à ceux d’avant la rupture, malgré un environnement commercial toujours encadré par des politiques protectionnistes algériennes. Il identifie également de nombreuses opportunités dans les chaînes de valeur industrielles, logistiques et agricoles.

Le résultat d’un déblocage attendu

Cette reprise s’explique en grande partie par la levée des restrictions bancaires décidée le 6 novembre 2024 par la Banque d’Algérie, après près de deux ans et demi de blocage. En réponse au revirement diplomatique de Madrid sur le dossier du Sahara occidental, l’Algérie avait fortement limité ses relations commerciales avec l’Espagne, faisant chuter les exportations espagnoles de 2,9 milliards d’euros en 2019 à seulement 332 millions en 2023. Plus de 8 900 entreprises espagnoles avaient interrompu leurs opérations en Algérie.

Fait notable, les livraisons de gaz naturel algérien vers l’Espagne n’ont jamais été suspendues, soulignant la résilience des relations énergétiques entre les deux pays, même dans les périodes de crise.

Une normalisation aux effets économiques tangibles

Le rétablissement progressif du commerce algéro-espagnol s’inscrit dans un contexte plus large de réalignement géopolitique en Méditerranée occidentale. Alors que l’Algérie cherche à diversifier ses partenaires tout en préservant ses intérêts stratégiques, l’Espagne s’emploie à regagner sa place dans les échanges régionaux. Pour les entreprises ibériques, ce retour en Algérie représente un regain d’activité, mais aussi un signal de confiance retrouvé sur un marché clé du Maghreb.

Laisser un commentaire