Algérie - France : pourquoi la crise des visas va encore envenimer la situation ?

Le 27 août, le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué le chargé d’affaires français à Alger. En cause : une communication jugée provocatrice sur la délivrance des visas. L’épisode montre une nouvelle étape de la détérioration du dialogue entre les deux pays.

Des annonces qui irritent Alger

Le 26 août, l’ambassade de France a fait savoir que le manque d’autorisation officielle pour certains de ses agents consulaires allait contraindre ses services à réduire leurs activités. À partir du 1ᵉʳ septembre, la capacité des consulats d’Alger, Oran et Annaba sera limitée, ce qui aura pour effet de restreindre l’examen des demandes de visas, y compris pour les étudiants et familles en attente.

La diplomatie algérienne dénonce la méthode employée. Pour elle, informer directement la population revient à contourner les usages institutionnels. Elle accuse par ailleurs Paris de transformer la question des visas en outil de « pression » et insiste sur le fait que la non-validation de certains fonctionnaires français n’est qu’une mesure symétrique : plusieurs représentants algériens attendent depuis plus de deux ans la confirmation de leur affectation par la partie française.

Une relation bilatérale déjà fragilisée

Cet épisode s’ajoute à une série d’événements qui ont nourri la méfiance. Au mois d’avril, l’Algérie avait demandé le départ de 12 agents français ; Paris avait réagi en prenant une mesure équivalente. Quelques mois plus tard, l’Élysée a suspendu un accord datant de 2013 qui permettait aux porteurs de passeports diplomatiques algériens de voyager sans visa.

L’arrestation en novembre 2024 de l’écrivain Boualem Sansal, condamné au printemps suivant à cinq années de prison, avait déjà provoqué de vives réactions en France et au sein du Parlement européen. S’y ajoutent les désaccords autour du Sahara occidental, sujet particulièrement sensible pour Alger.

Face à ces situations, chaque décision administrative ou diplomatique prend une dimension politique accrue. La réduction annoncée du personnel consulaire français, effective au 1ᵉʳ septembre, risque de compliquer davantage les échanges humains et académiques entre les deux pays.

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