Le dernier rapport de l’Institut Fraser sur l’attractivité minière, publié fin juillet 2025, dresse un tableau contrasté des 82 juridictions évaluées. Si certaines régions confirment leur solidité ou affichent des progrès notables, d’autres subissent un net recul, affectées par des politiques jugées incertaines ou des obstacles administratifs croissants. En toile de fond, l’évolution du climat réglementaire devient aussi déterminante que la richesse du sous-sol.
Finlande, nouveau leader mondial
Finlande domine désormais le classement mondial, grâce à une combinaison jugée favorable entre potentiel minier élevé et stabilité politique et réglementaire. Le pays bondit de la 17ᵉ à la 1ʳᵉ place en un an, s’imposant comme un modèle d’attractivité pour les investisseurs du secteur extractif.
Des hausses significatives : Philippines et Mexique
La progression des Philippines est l’une des plus marquantes. Le pays passe de la 72ᵉ à la 16ᵉ place dans le classement global, reflet d’un environnement politique perçu comme bien plus favorable. De son côté, Mexique remonte de la 74ᵉ à la 49ᵉ place, malgré des préoccupations persistantes sur l’incertitude réglementaire et les délais d’obtention de permis. Ces améliorations traduisent des efforts ciblés sur la simplification des démarches et la modernisation du secteur.
Chutes sévères pour certains poids lourds
À l’inverse, Queensland en Australie perd 26 places et se retrouve 39ᵉ, victime de délais administratifs jugés trop longs et d’une plus grande imprévisibilité autour des réglementations environnementales. Cette chute le place derrière des juridictions comme la Namibie ou l’Indonésie. De même, plusieurs provinces canadiennes traditionnellement bien classées accusent un repli, notamment Colombie-Britannique et Manitoba, dont les potentiels géologiques restent élevés, mais sont freinés par un environnement politique moins favorable.
Maroc en tête du continent africain
Côté africain, Maroc se distingue avec une percée notable. Le pays atteint la 18ᵉ place mondiale, devenant la juridiction africaine la plus attractive, en nette progression par rapport à l’an dernier. Cette performance repose sur une nette amélioration de la perception de son environnement réglementaire, qui compense les défis logistiques et d’accès au foncier que peuvent rencontrer les opérateurs.
Botswana reste une référence en matière de stabilité, occupant la 20ᵉ place, tandis que Zambie (28ᵉ) et Namibie (30ᵉ) confirment leur attractivité par une gouvernance perçue comme prévisible et un accès relativement fluide aux permis.
Faible attractivité pour plusieurs pays africains
À l’opposé, Éthiopie, Zimbabwe, Mozambique, Guinée, Mali ou encore Niger figurent parmi les dernières positions du classement. Ces pays sont pénalisés par des cadres réglementaires jugés instables, des délais excessifs ou un manque de clarté juridique. Même des États aux ressources abondantes, comme la RD Congo, ne parviennent pas à convaincre, freinés par des préoccupations sur la gouvernance, la sécurité juridique et l’accès aux infrastructures.
Un équilibre entre ressources et gouvernance
Le classement met en évidence que le potentiel géologique seul ne suffit plus à attirer les investissements. L’indice combine à parts inégales la richesse minérale (60 %) et la perception du climat politique (40 %). Ainsi, une juridiction riche en minerais mais perçue comme instable ou opaque sera désavantagée face à une autre, mieux administrée, même moins dotée en ressources.
Une feuille de route pour les décideurs
Ce rapport annuel offre aux gouvernements une grille de lecture précieuse sur les attentes des investisseurs. Il suggère que la prévisibilité réglementaire, la clarté des procédures et la rapidité d’exécution sont devenues les véritables moteurs de l’attractivité minière.
Plusieurs pays, à l’image du Maroc ou des Philippines, montrent qu’un revirement est possible avec des réformes ciblées.
Le classement du Fraser Institute s’impose comme un baromètre incontournable pour les acteurs du secteur, dans un contexte mondial où les ressources critiques suscitent une concurrence accrue.
