Des travaux scientifiques menés en France entre 2011 et 2021 révèlent une corrélation entre l’exposition chronique à certaines substances chimiques et l’incidence du cancer du pancréas. Le nutritionniste Arnaud Cocaul met en cause le cadmium et appelle à revoir nos choix alimentaires.
Un métal toxique largement présent dans l’alimentation
Utilisé dans la fabrication d’engrais phosphatés, le cadmium se retrouve dans les sols agricoles après épandage. Les cultures absorbent ce métal lourd, qui finit par s’inviter dans l’assiette des consommateurs. Pommes de terre, pâtes, biscuits, chocolats, légumes, céréales, crustacés et abats sont parmi les aliments les plus concernés.
Les chercheurs soulignent que ce contaminant est difficile à éliminer une fois intégré aux chaînes alimentaires. Certaines études antérieures avaient déjà mis en évidence ses effets délétères sur les reins et les os. Cette nouvelle recherche apporte des données supplémentaires sur son lien avec certaines formes de cancer, notamment du pancréas.
Des données épidémiologiques préoccupantes
Selon les résultats publiés dans le European Journal of Epidemiology, l’incidence du cancer du pancréas est plus élevée dans les zones à forte activité agricole. L’étude, conduite sur une décennie, montre qu’une exposition accrue aux pesticides et métaux lourds accroît le risque, même de façon modérée.
Le docteur Arnaud Cocaul insiste sur le rôle potentiel du cadmium, trop souvent négligé dans les débats sur la santé publique. Cette mise en garde rejoint celles de plusieurs toxicologues qui réclament une meilleure surveillance de la présence de métaux lourds dans les denrées.
Mieux choisir son alimentation pour limiter l’exposition
Face à ces constats, le nutritionniste recommande de privilégier les produits issus de l’agriculture biologique, moins susceptibles de contenir des résidus de pesticides et de métaux lourds. Il incite également à vérifier l’origine des denrées, un point qui pourrait faire l’objet d’un futur lien vers un guide pratique sur la traçabilité alimentaire.
Les produits transformés provenant de filières conventionnelles restent les plus difficiles à contrôler, notamment lorsqu’ils sont composés d’ingrédients multiples et d’origines diverses. Une vigilance accrue pourrait être encouragée par les autorités via des campagnes d’information ciblées.
Un enjeu de santé publique et de réglementation
Le cadre réglementaire européen fixe déjà des seuils maximaux pour la présence de cadmium dans les aliments. Toutefois, certains spécialistes estiment que ces limites ne suffisent pas à éliminer le risque à long terme, surtout dans les zones où l’utilisation d’engrais phosphatés est intensive.
La question pourrait aussi alimenter les discussions sur les futures politiques agricoles, un dossier susceptible d’être approfondi dans une analyse dédiée. Les résultats de cette étude pourraient servir de base pour réviser les pratiques d’épandage et renforcer les contrôles.
Les scientifiques appellent à combiner prévention alimentaire et réduction des sources de contamination afin de limiter l’impact sanitaire de ces substances.


