Une étude récente montre que l’association de certains analgésiques avec des antibiotiques peut favoriser la résistance bactérienne. Publiée le 25 août dans la revue Nature, la recherche s’est concentrée sur la ciprofloxacine combinée à des médicaments tels que l’ibuprofène et le paracétamol, et leur effet sur la bactérie Escherichia coli. Les scientifiques mettent en garde contre les risques pour les personnes âgées et celles suivant plusieurs traitements, car l’exposition simultanée à différentes molécules peut accélérer l’apparition de mutations. Ces changements augmentent la capacité des bactéries à résister non seulement à l’antibiotique administré, mais aussi à d’autres classes de médicaments.
Des mutations accélérées par l’association d’analgésiques et d’antibiotiques
Les expérimentations ont démontré que l’E. coli développait davantage de mutations lorsqu’elle était exposée à la combinaison d’antidouleurs et d’antibiotiques, comparé à un traitement antibiotique seul. La professeure Henrietta Venter, interrogée par EurekAlert !, explique que « les bactéries deviennent plus résistantes ». Ces mutations permettent aux bactéries de croître plus rapidement et d’échapper à l’action de plusieurs antibiotiques, compliquant ainsi le traitement des infections.
Cette découverte soulève des enjeux majeurs pour les systèmes de santé dans des pays comme la France ou les États-Unis, où la prescription de plusieurs médicaments simultanément est courante. Les médecins et pharmaciens sont encouragés à revoir les protocoles de co-prescription et à renforcer la surveillance des résistances bactériennes dans les hôpitaux et cliniques.
Antidouleurs : usage fréquent et cadre réglementaire
Les médicaments comme le paracétamol et l’ibuprofène sont largement utilisés pour soulager douleurs, fièvre ou inflammations. Disponibles en vente libre ou sur ordonnance selon les pays, leur consommation est encadrée par des règles précises, qui fixent les doses maximales et indiquent les précautions nécessaires, notamment lors d’une prise simultanée avec d’autres traitements. Les autorités sanitaires européennes publient régulièrement des directives afin de prévenir les risques liés à ces combinaisons.
Introduits dans la seconde moitié du XXᵉ siècle, ces analgésiques sont rapidement devenus des traitements de première intention. Le marché mondial représente plusieurs milliards de dollars, montrant leur consommation quotidienne dans les foyers et établissements de santé. Si des interactions avec certains médicaments avaient déjà été observées, les recherches récentes sur la résistance bactérienne révèlent un risque supplémentaire à considérer pour la santé publique.
La polymédication, notamment chez les personnes âgées, constitue un facteur critique. Les chercheurs recommandent une vigilance accrue et une communication renforcée entre patients et professionnels de santé pour limiter les effets négatifs de la co-administration d’analgésiques et d’antibiotiques. Des programmes de prévention et des campagnes d’information peuvent intégrer ces recommandations afin de réduire la propagation de bactéries résistantes et préserver l’efficacité des traitements existants.
Les résultats obtenus ouvrent la voie à des études futures sur des alternatives thérapeutiques moins susceptibles d’induire des résistances et sur l’influence des médicaments courants sur l’évolution bactérienne. Les systèmes de surveillance et d’alerte restent essentiels pour suivre les souches résistantes à l’échelle mondiale.
Une utilisation prudente et encadrée des antidouleurs en parallèle d’antibiotiques apparaît indispensable pour limiter l’émergence de bactéries résistantes et maintenir l’efficacité des traitements pour les patients vulnérables.


