En Italie, un nouveau dossier vient fragiliser la crédibilité du secteur du luxe. La maison Loro Piana, connue pour son savoir-faire dans le traitement du cachemire, fait l’objet d’une procédure judiciaire après la mise en lumière de pratiques illégales au sein de son circuit de production. Selon les informations publiées par BFMTV, des ouvriers d’origine chinoise, sans statut légal, ont été retrouvés dans des conditions de travail extrêmement précaires, avec des horaires de travail pouvant atteindre jusqu’à 90 heures par semaine pour une rémunération estimée à 4 euros de l’heure.
Plusieurs d’entre eux étaient logés sur leur lieu de travail, dans des ateliers où les normes sociales et sanitaires étaient loin d’être respectées. Cette situation n’a pas été directement orchestrée par Loro Piana, mais par une structure sous-traitante, elle-même liée à un fournisseur tiers, resté inconnu des instances officielles de la marque.
LVMH tente de contenir les effets du scandale
Approchée par Fashion United, la direction financière de LVMH a reconnu qu’un prestataire tiers, non répertorié dans ses systèmes, avait permis l’intervention d’un atelier non déclaré. Une réaction exprimée lors de la présentation des résultats du groupe le 24 juillet par Cécile Cabanis, directrice financière adjointe, qui a insisté sur le fait que cette faille n’aurait pas pu être détectée avec les outils actuels.
Le groupe promet désormais un renforcement significatif des mécanismes de surveillance de ses partenaires, tout en appelant à une prise de conscience collective à l’échelle nationale. Malgré ces engagements, les autorités judiciaires italiennes ont reproché à la marque un manque de rigueur dans ses procédures internes, mettant en cause la qualité des contrôles menés en amont.
Un modèle de production remis en question
Ce dossier soulève des interrogations plus larges sur les méthodes de fabrication du secteur du luxe en Europe, où la multiplication des sous-traitants et la pression économique peuvent ouvrir la voie à des abus. Dans certaines régions industrielles du pays, des structures informelles ou dissimulées opèrent dans l’ombre, alimentant les grandes marques sans toujours garantir les droits fondamentaux des travailleurs.
La complexité des chaînes d’approvisionnement devient ici un levier de dilution des responsabilités, permettant aux donneurs d’ordre de s’exonérer des pratiques de leurs sous-traitants indirects. Ce fonctionnement fragilise la transparence attendue par les consommateurs, et remet en cause les discours éthiques portés par de nombreuses maisons du secteur.
Transparence et responsabilité : les nouveaux défis du luxe
À mesure que les attentes du public évoluent, la pression monte sur les marques pour garantir non seulement la qualité de leurs produits, mais aussi l’intégrité de leur production. Cette affaire agit comme un signal d’alarme : les contrôles internes ne suffisent plus face à la profondeur et à l’opacité de certaines structures de fabrication.
L’affaire Loro Piana montre ainsi les limites d’un modèle où l’image d’excellence peut masquer des réalités bien plus fragiles. Pour rester crédible, l’industrie du luxe devra désormais conjuguer excellence artisanale et respect strict des normes sociales, sous peine de voir sa légitimité ébranlée.



