Sénégal : Greffiers en grève, un aménagement pour les populations

Le conflit entre les greffiers du Sénégal et le ministère de la Justice entre dans sa septième semaine sans véritable avancée. Depuis le 18 juin 2025, ces professionnels du service public réclament l’application effective d’accords signés il y a maintenant sept ans, en 2018. Leur mobilisation s’est intensifiée fin juillet, marquée par des arrêts de travail réguliers, des communiqués incisifs et des tensions croissantes autour des retenues sur salaire imposées par l’État.

Ce nouveau débrayage, prévu les 6, 7 et 8 août, s’ajoute à une série de grèves menées depuis un mois et demi. Les revendications restent les mêmes : reclassement des personnels de catégories B et C, alignement du corps des greffiers à la hiérarchie A2, et respect des engagements de février dernier. Sur le terrain, les conséquences sont immédiates : dossiers retardés, actes de justice différés, procédures figées. Pourtant, les agents affirment ne pas vouloir pénaliser les justiciables. À cet effet, ils ont prévu d’assurer pleinement le service public les 4 et 5 août, juste avant le déclenchement du nouveau mot d’ordre.

Entre réquisition et fatigue sociale

Face à l’enlisement, le ministère de la Justice a choisi de réagir en durcissant le ton. Il a émis des ordres de réquisition, dans une tentative de contraindre les grévistes à reprendre leur poste. Ces mesures coercitives, rarement utilisées dans ce secteur, témoignent de la crispation croissante entre les deux parties. Pour beaucoup d’observateurs, cette stratégie risque d’exacerber un climat déjà délétère, alimenté par des mois de silence institutionnel et de promesses non tenues.

Loin de désamorcer le conflit, les retenues sur salaires décidées fin juillet ont été vécues par les intéressés comme une provocation supplémentaire. Dans ce contexte tendu, les réseaux sociaux sont devenus le principal canal d’expression du Syndicat des Greffiers. Sur leur compte X, ils ont réaffirmé leur détermination à poursuivre le combat, tout en rappelant leur attachement à la continuité du service pour les citoyens. « Service public pleinement assuré les 4 et 5 août », peut-on lire dans leur dernier message, comme pour rassurer les usagers les plus fragilisés.

Le poids d’un métier oublié

Derrière cette mobilisation se cache un mal plus profond. Les greffiers, souvent perçus comme de simples auxiliaires, jouent pourtant un rôle central dans le fonctionnement quotidien de la justice. Ils rédigent, authentifient, notifient, classent. Sans eux, la machine judiciaire ralentit jusqu’à l’asphyxie. Le manque de reconnaissance institutionnelle, ajouté à une grille salariale jugée obsolète, alimente une frustration chronique.

L’aménagement annoncé — deux jours d’ouverture complète avant trois jours de grève — apparaît donc comme une tentative d’équilibrer pression syndicale et responsabilité citoyenne. Mais cette stratégie peut-elle encore suffire à faire évoluer le rapport de force ? Tant que les discussions resteront bloquées, le conflit risque de s’enraciner durablement.

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