Depuis dix ans, la confrontation entre le Sénégal et le Nigéria tourne systématiquement à l’avantage des D’Tigress. À chaque duel, les espoirs sénégalais se heurtent à la machine bien huilée du basketball nigérian. Finale après finale, le même scénario se répète : en 2017, 2019, 2021, 2023, les Lionnes se sont inclinées face aux mêmes rivales, incapables de briser cette série noire. Au total, ce sont six à sept défaites consécutives enregistrées face à cet adversaire, symbole d’un blocage que l’équipe actuelle espère surmonter. Pour les Sénégalaises, le défi est immense : il s’agit de ne pas simplement gagner un match, mais d’effacer une décennie de frustration.
Une qualification arrachée avec caractère
Face à la Côte d’Ivoire, ce jeudi 31 juillet, les Lionnes ont montré un tout autre visage, fait de patience, de combativité et d’intelligence tactique. Menées de neuf points à la pause après un début de match poussif, elles ont peu à peu grignoté leur retard pour finalement l’emporter 66 à 60. La dynamique a basculé lors d’un troisième quart-temps maîtrisé (15-7), avant un dernier acte totalement dominé par les Sénégalaises (24-17), portées par l’adresse et le sang-froid de Cierra Dillard. Avec 16 points, la meneuse s’est imposée comme l’élément déclencheur du sursaut. « Nous savions que nous ne pouvions pas sortir sans tout donner. Chaque possession comptait », confiait-elle après la rencontre. À ses côtés, Léna Timera a apporté un soutien précieux avec 11 points, confirmant son rôle croissant dans l’effectif.
Ce renversement spectaculaire, au-delà du score, a surtout montré que cette équipe sait se réinventer en situation critique. Là où d’autres auraient sombré, les lionnes ont trouvé les ressources mentales pour inverser la tendance, illustrant une maturité nouvelle. Un caractère qui sera indispensable pour affronter leur futur adversaire.
Le Nigeria, un mur à franchir
En face, les D’Tigress du Nigéria n’ont laissé aucune place au doute dans leur quart de finale contre le Cameroun, surclassé 83 à 47. Une démonstration de force collective, menée par Amy Okonkwo, auteure de 18 points et 6 rebonds. L’équipe nigériane, quadruple championne en titre, semble évoluer dans une autre dimension, alliant puissance physique, profondeur de banc et discipline tactique. Contrairement au Sénégal, leur parcours a été linéaire, sans accroc. Leur domination continentale repose sur une continuité de projet, une génération dorée, et une culture de la gagne bien ancrée.
Mais cette série victorieuse pourrait aussi se transformer en pression. L’arrogance d’une invincibilité prolongée peut fragiliser les plus solides. C’est précisément sur cette faille que le Sénégal doit appuyer, en s’appuyant sur l’intensité défensive, la solidarité et une gestion du tempo maîtrisée. Un match référence contre le Nigeria n’est pas seulement souhaité, il est nécessaire pour briser une barrière psychologique qui perdure depuis trop longtemps.
Le rêve d’un douzième sacre
Au cœur de cette demi-finale, c’est bien plus qu’une place en finale qui se joue : il s’agit pour le Sénégal de renouer avec son héritage. Onze fois championnes d’Afrique, les Lionnes n’ont plus goûté au titre depuis 2015, une éternité pour une nation habituée aux sommets. La rencontre de ce 2 août à Abidjan est donc aussi une opportunité de marquer un tournant, d’ouvrir une nouvelle page et d’écrire enfin une victoire attendue contre le Nigeria.
Si la logique sportive penche du côté des Nigérianes, les dynamiques du sport échappent parfois aux statistiques. Les Lionnes ont prouvé qu’elles pouvaient renverser un scénario mal engagé. Contre les D’Tigress, ce ne sera pas une simple partie de basket, mais une bataille de mémoire et de volonté, où l’histoire pourrait, enfin, changer de camp.

