Sénégal : Le retour des droits de douane sur le riz brisé sans impact sur les prix

Alors que le gouvernement devrait rétablir les droits de douane sur le riz brisé importé, les autorités et les associations de consommateurs assurent que le prix de vente au détail restera inchangé. Une promesse qui s’appuie autant sur les tendances internationales que sur une nouvelle stratégie nationale de régulation.

Une mesure fiscale sans effet sur le panier de la ménagère

Après plusieurs mois d’allègement fiscal, le ministère de l’Industrie et du Commerce a adressé une correspondance au ministre des finances pour le rétablissement des droits de douane à hauteur de 10 % sur le riz brisé ordinaire importé. Cette demande s’appuie sur la chute des cours mondiaux, jugée suffisante pour compenser la réintroduction de la taxe. Selon les calculs du ministère des Finances, la nouvelle base de référence pour le calcul des droits est fixée à 210 000 FCFA la tonne, ce qui représente un retour aux taux normaux appliqués avant 2024.

Ce réajustement soulève naturellement la question de son impact sur le prix de vente au détail, dans un pays où le riz brisé reste un aliment central. Pourtant, les autorités affirment que le tarif au kilo restera stable à 350 FCFA, niveau atteint depuis avril. Ce maintien s’explique par la conjoncture internationale favorable, mais aussi par un meilleur encadrement du circuit de distribution, censé limiter les marges abusives.

Entre régulation et spéculation : un vieux combat

Les consommateurs sénégalais sont depuis longtemps confrontés à des pratiques spéculatives dans la fixation des prix, souvent sans lien avec les réalités des marchés internationaux. C’est dans ce contexte que le ministère a lancé récemment un programme de surveillance citoyenne, mobilisant 1000 volontaires de la consommation pour contrôler les affichages de prix sur les marchés, supermarchés et points de vente. Objectif : empêcher les commerçants de répercuter des hausses injustifiées sous prétexte de fluctuation douanière ou d’offre réduite.

Cette initiative, inédite par son ampleur, vise à renforcer l’impact réel des politiques publiques sur les comportements économiques. Les données recueillies doivent permettre aux autorités d’intervenir plus rapidement en cas de manœuvres spéculatives, et de sanctionner si nécessaire. En toile de fond, la volonté affirmée de restaurer la confiance entre consommateurs et commerçants, dans un climat marqué par la fragilité du pouvoir d’achat.

L’ASCOSEN rassure

Du côté des défenseurs des consommateurs, la prudence est de mise, même si l’optimisme domine. Intervenant sur SUD FM, le secrétaire général de l’ASCOSEN a estimé que le rétablissement des droits de douane n’aura pas d’effet direct sur le prix final du riz brisé, à l’image du sucre, dont le kilo est de 600 FCFA. Selon lui, la dynamique baissière des prix à l’international permet d’absorber le retour de la taxe sans impacter les ménages.

Alors que l’administration se montre confiante, le test réel de cette décision se fera sur les étals. Si le prix du riz brisé reste effectivement figé à 350 FCFA malgré le retour de la fiscalité, cela pourrait devenir un signal fort quant à l’efficacité de la régulation publique. Dans le cas contraire, le retour des droits de douane serait perçu comme un fardeau supplémentaire pour les ménages, et un nouvel échec dans la bataille contre la vie chère.

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