Sénégal : Nouvelle saisie de faux médicaments à Saly, l'ARP alerte

Dans l’ombre des marchés formels, un commerce dangereux continue de se développer. À Saly, deux individus viennent d’être arrêtés en possession d’une importante cargaison de médicaments non autorisés, confirmant la résurgence d’un fléau que les autorités sanitaires tentent de contenir depuis plusieurs années. Cette fois, l’intervention rapide de l’Agence sénégalaise de Réglementation Pharmaceutique (ARP), épaulée par les forces de l’ordre, a permis de désamorcer une opération de contrebande dont les implications dépassent le cadre local.

Des médicaments sans autorisation ni traçabilité

C’est à la suite d’une alerte transmise par le commissariat de Saly que l’ARP a mobilisé une équipe composée d’inspecteurs pharmaceutiques et de juristes pour vérifier la cargaison suspecte. Celle-ci contenait plusieurs médicaments, dont du Paracétamol ou encore du Diclofénac, tous dépourvus d’enregistrement auprès des autorités sanitaires sénégalaises. L’ensemble de ces produits, évalués à plusieurs millions de francs CFA, devait manifestement alimenter un réseau de distribution parallèle.

L’ARP a rappelé que l’importation et la commercialisation de médicaments sont soumises à des autorisations strictes, visant à garantir la sécurité des patients et la qualité des produits. « La circulation de médicaments non autorisés constitue une menace directe pour la santé publique », a averti l’agence, qui met en garde contre les effets secondaires potentiellement graves causés par des substances mal dosées ou falsifiées.

Un trafic qui mute avec les outils numériques

L’affaire de Saly fait écho à d’autres enquêtes menées récemment, notamment dans le quartier de Ouakam, où les autorités ont identifié un point de distribution animé par deux individus opérant via des canaux numériques difficilement traçables. Cette évolution du trafic vers des plateformes en ligne complique les interventions classiques, et nécessite une adaptation des stratégies de lutte contre le médicament illicite.

Les réseaux sociaux et les applications de messagerie cryptée sont devenus des vitrines silencieuses de ce commerce parallèle, où des médicaments interdits ou contrefaits s’échangent hors de tout contrôle. À défaut de régulation technologique, les interceptions physiques comme celle de Saly restent aujourd’hui le principal levier d’action.

Un défi récurrent pour les autorités sanitaires

Si cette récente saisie à Saly confirme l’efficacité du travail de terrain des forces de l’ordre et des agents de l’ARP, elle rappelle aussi l’ampleur d’un problème structurel qui se propage dans les interstices du système de santé. Les circuits parallèles prospèrent sur le déficit d’accès aux médicaments homologués, le coût des traitements en pharmacie et la méconnaissance des risques par une partie de la population.

Pour enrayer ce phénomène, les autorités devront renforcer les contrôles aux frontières, moderniser les outils de détection, et surtout, mener des campagnes d’information à grande échelle. Car derrière chaque comprimé acheté dans l’illégalité, c’est une vie humaine qui est potentiellement mise en péril.

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