Sénégal : Sorti récemment de prison, Moustapha Diakhaté règle ses comptes

Reconnu coupable d’offense directe au chef de l’État, Moustapha Diakhaté avait été condamné à deux mois de prison, dont quinze jours fermes. À peine libéré, l’ancien député Moustapha Diakhaté est revenu devant la presse avec la même verve qui lui avait valu sa condamnation. Dans un discours sans filtre, il affirme n’avoir aucun regret, même s’il devait retourner mille fois en prison.

Une condamnation partielle mais un message assumé

L’ancien chef du groupe parlementaire de Benno Bokk Yakaar avait été relaxé du chef d’atteinte à une autorité exerçant des fonctions rattachées à la présidence tout en étant reconnu coupable du délit d’offense du chef de l’Etat. Sa libération récente de la prison de Rebeuss aurait pu marquer le début d’un silence stratégique ou d’un recul temporaire. Il n’en est rien. Le ton est resté intact, les convictions également.

Dès l’ouverture de son face-à-face avec la presse, organisé ce mardi 5 août à Dakar, l’ancien chef de cabinet de Macky Sall a diffusé publiquement les extraits audios de ses propos incriminés. Dans ces passages, il qualifiait certaines autorités de « gougnafiers », un terme qu’il ne cherche pas à adoucir ni à nuancer. Bien au contraire, il a réaffirmé chaque mot, chaque attaque, sans détour.

Provocation, défi et dénonciation ciblée

Loin d’apaiser les tensions ou d’adopter une posture défensive, Moustapha Diakhaté a choisi la confrontation. Il a ouvertement visé le procureur de la République ainsi que le président du tribunal de grande instance de Dakar, les accusant d’avoir instrumentalisé la justice à des fins politiques. Selon lui, cette affaire n’est qu’un épisode de plus dans une série de tentatives visant à faire taire les voix critiques.

Dans un ton martial, il a martelé qu’il était prêt à « aller en prison un millier de fois » si cela devait être le prix à payer pour dire ce qu’il pense. Pour l’ancien parlementaire, la prison n’est pas un lieu de rééducation, mais une étape assumée dans son engagement public. Cette posture, à la fois radicale et théâtrale, renforce l’image d’un homme cultivant un profil de dissident intransigeant.

Un retour médiatique aux allures de pré-campagne

Au-delà des attaques frontales, ce point de presse a également pris des airs de repositionnement politique. À travers ses mots, Moustapha Diakhaté semble vouloir reprendre sa place dans le débat public, quitte à déranger. Son refus de s’excuser, son insistance sur la légitimité de ses critiques, et son appel implicite à la résistance suggèrent qu’il ne compte pas se contenter d’un rôle d’ancienne figure du pouvoir.

À Dakar, les mots de Moustapha Diakhaté ont de nouveau fait trembler les murs du débat. Qu’on les approuve ou qu’on les condamne, ils rappellent que la parole politique, lorsqu’elle ose franchir certaines lignes, continue de faire vaciller les certitudes.

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