Trafic aérien au Mali : hausse des passagers malgré la baisse des vols

Le bilan semestriel publié par les autorités maliennes de l’aviation civile fait apparaître une évolution contrastée du secteur. Le nombre de voyageurs ayant transité par les aéroports du pays a atteint plus de 466 000 au cours des six premiers mois de 2025, soit une progression marquée par rapport à l’année précédente. En revanche, les mouvements d’avions ont reculé d’environ 11,7 %, témoignant d’une rationalisation des rotations. Le fret aérien et le courrier postal affichent également une croissance, confirmant la place du transport aérien dans l’économie malienne. L’enjeu clé réside dans la capacité des compagnies à absorber cette demande malgré un contexte régional complexe et des relations diplomatiques parfois tendues.

Plus de voyageurs et davantage de marchandises

Selon le directeur général des Aéroports du Mali, le colonel Lassina Togola, la fréquentation aéroportuaire a franchi la barre des 466 128 passagers, soit une hausse estimée à 15 % par rapport à la même période en 2024. Les services postaux connaissent une progression encore plus marquée, avec une croissance de 51 % du volume traité. Le fret s’élève à plus de 4,3 millions de kilos, en légère hausse par rapport à l’an dernier. Ces indicateurs contrastent toutefois avec le recul du nombre de décollages et d’atterrissages, passés à 8 116 sur la période.

Cette tendance suggère que les appareils en opération sont mieux remplis et que les compagnies privilégient l’optimisation de leurs capacités. Le phénomène est observé dans d’autres pays de la région, où la demande reste soutenue malgré des contraintes opérationnelles. Les autorités maliennes considèrent ces résultats comme encourageants pour l’atteinte des objectifs fixés pour 2025. Ce constat nourrit aussi les débats autour des investissements dans les infrastructures aéroportuaires, alors que plusieurs projets d’extension sont évoqués dans la sous-région.

Pour les acteurs du secteur, cette croissance ouvre des perspectives en matière de partenariats internationaux. Certaines plateformes numériques spécialisées dans le suivi du transport aérien pourraient d’ailleurs constituer une base de données utile pour mesurer l’évolution du trafic et anticiper les besoins futurs. Ces chiffres offrent également l’opportunité d’évaluer l’impact des nouvelles compagnies locales, dont les projets de mise en service sont suivis de près par les observateurs.

Relations diplomatiques et recomposition du secteur

Le paysage du transport aérien au Mali ne peut être dissocié du contexte géopolitique et des décisions gouvernementales. Après les tensions diplomatiques entre le Mali et la France, la compagnie Air France avait été contrainte de suspendre ses liaisons à destination de Bamako. Les autorités maliennes avaient estimé que la compagnie française avait pris une position contraire aux intérêts du pays, ce qui s’est traduit par des sanctions et la limitation de ses activités. Cet épisode a marqué une rupture dans l’histoire du transport aérien malien, longtemps dominé par les liaisons vers Paris.

L’absence de ce transporteur a ouvert un espace à d’autres compagnies, régionales ou internationales, qui ont cherché à capter cette clientèle. L’État malien a parallèlement affiché sa volonté de favoriser l’émergence de nouvelles structures locales, comme Mali Airways, dont la mise en service est prévue dans les prochaines années. Ce repositionnement vise à réduire la dépendance envers les compagnies étrangères et à renforcer la souveraineté dans le secteur stratégique du transport aérien.

Le choix politique de sanctionner une compagnie historique a aussi eu pour conséquence d’accélérer la diversification des partenaires. Le développement du fret, qui reste crucial pour l’approvisionnement en produits de première nécessité et en biens manufacturés, pourrait s’appuyer sur des accords bilatéraux conclus avec d’autres pays. Les discussions sur la création d’un hub logistique sous-régional sont régulièrement évoquées, ce qui renforcerait la position de Bamako dans le ciel ouest-africain.

Pour les voyageurs, ces mutations se traduisent par une réorganisation des itinéraires. Certains passagers se tournent désormais vers des correspondances via d’autres capitales régionales. Cela illustre la capacité d’adaptation des usagers mais aussi les défis posés à l’accessibilité du pays. Des experts estiment que cette situation pourrait créer un environnement propice à l’émergence de compagnies africaines capables de combler le vide laissé par les transporteurs traditionnels.

Le suivi statistique du premier semestre 2025 confirme que le trafic aérien malien reste dynamique malgré des contraintes externes. Les autorités comptent sur cette tendance pour soutenir les ambitions de développement et renforcer le rôle du pays dans le réseau aérien régional.

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