Armement : le Danemark écarte les USA au profit de rivaux européens

La compétition sur le marché mondial de l’armement ressemble souvent à une partie d’échecs où chaque coup est scruté avec attention. Les industriels américains, portés par l’aura du “made in USA”, se retrouvent régulièrement au centre de ces batailles commerciales, tant leurs équipements sont prisés. Mais cette domination apparente est de plus en plus contestée. Les Européens, longtemps considérés comme des seconds rôles, avancent leurs pions avec détermination, cherchant à séduire les États en quête d’alternatives crédibles. C’est dans ce climat de rivalités feutrées qu’est survenue la décision danoise, véritable signal adressé à Washington.

Une préférence affirmée pour l’offre franco-italienne

Le gouvernement de Copenhague a opté pour un système de défense aérienne longue portée conçu par MBDA et Thalès, connu sous le nom de SAMP/T rapporte Modern Diplomacy. Cet équipement, développé en partenariat avec l’Italie au sein du consortium Eurosam, a supplanté le Patriot du géant américain Raytheon. Le critère qui a pesé le plus lourd n’était pas la réputation ni la puissance technologique mais le délai de livraison. Les responsables militaires danois ont jugé que la solution européenne pouvait être déployée plus rapidement, alors que le Patriot impliquait une attente jugée excessive dans le contexte actuel. Ce choix illustre la volonté de ne pas seulement miser sur la puissance d’un allié historique, mais de privilégier une réponse immédiate aux besoins de protection nationale.

Une architecture de défense multicouche en construction

L’annonce du 12 septembre ne se limite pas au SAMP/T. Le Danemark a également dévoilé un plan global prévoyant l’acquisition de huit systèmes combinant longue et moyenne portée. Pour la seconde catégorie, la sélection n’est pas encore arrêtée : les autorités hésitent entre la solution norvégienne NASAMS, l’IRIS-T allemand et le VL MICA français. Ensemble, ces équipements formeront un bouclier terrestre destiné à intercepter aussi bien des missiles balistiques que des drones ou des avions ennemis. Le budget engagé est colossal : environ 58 milliards de couronnes danoises, soit près de 7,8 milliards d’euros. Le chef d’état-major, Michael Hyldgaard, a rappelé que la guerre en Ukraine avait démontré l’importance de disposer d’une défense capable de superposer plusieurs couches de protection, à l’image d’un gilet pare-balles renforcé par différentes plaques.

Une décision au retentissement politique

En écartant le Patriot, le Danemark ne se contente pas d’acquérir du matériel militaire : il envoie un message sur son orientation stratégique. L’Europe, à travers ses industriels, gagne en crédibilité et en influence sur un terrain longtemps dominé par Washington. Ce virage témoigne certainement d’une recherche d’équilibre entre sécurité immédiate et affirmation d’une autonomie industrielle. Pour Copenhague, cette décision représente un investissement historique et, plus encore, un repositionnement sur l’échiquier des alliances militaires.

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