L’Afrique reste l’un des territoires les plus convoités pour ses ressources naturelles. Ses gisements de pétrole, de gaz, de minerais stratégiques, mais aussi ses terres agricoles et ses forêts, nourrissent depuis des décennies les économies du monde entier. Du cobalt congolais utilisé dans les batteries électriques au cacao ivoirien exporté à grande échelle, la richesse du continent dépasse la simple fourniture de matières premières : elle façonne les dynamiques commerciales mondiales. Pourtant, une part importante de ces richesses quitte encore l’Afrique sans transformation locale, limitant la création de valeur ajoutée sur place. C’est dans ce contexte que les initiatives visant à renforcer le commerce intra-africain prennent tout leur sens.
Alger mise sur l’IATF pour renforcer son ancrage africain
La tenue de la Foire commerciale intra-africaine (IATF) à Alger, du 4 au 10 septembre 2025, illustre la volonté de l’Algérie de se positionner comme un acteur central des échanges continentaux. Le pays accueillera près de 2 000 exposants et plus de 35 000 visiteurs venus de 75 à 80 nations. Les organisateurs — Afreximbank, la Commission de l’Union africaine et le secrétariat de la ZLECAf — ambitionnent d’y générer des accords commerciaux estimés à 44 milliards de dollars.
Pour Alger, l’événement est une opportunité stratégique. Ces dernières années, le pays a multiplié les efforts pour réorienter ses approvisionnements et ses partenariats économiques vers l’Afrique. Les importations de matières premières venues du continent témoignent de ce virage. À travers cette politique, l’Algérie cherche à diversifier ses sources, réduire sa dépendance aux marchés traditionnels et tisser des liens plus durables avec ses voisins. L’IATF devient alors une vitrine de ce repositionnement, offrant à l’Algérie la possibilité d’élargir son réseau de coopération et de mettre en avant ses propres industries émergentes.
Vers une nouvelle dynamique Sud-Sud
Au-delà des stands d’exposition, la foire intégrera des forums sectoriels, un espace dédié aux industries créatives africaines, des programmes ciblant les jeunes entrepreneurs et des rencontres avec la diaspora. Pour Alger, c’est une manière de s’inscrire dans une logique de coopération horizontale, où les pays africains ne se limitent plus à exporter des matières brutes vers l’extérieur mais bâtissent ensemble des chaînes de valeur intégrées.
L’Algérie mise ainsi sur l’IATF pour traduire ses ambitions régionales en actes concrets. L’événement pourrait ouvrir la voie à des partenariats industriels dans l’automobile, l’agroalimentaire ou encore les services, secteurs où les complémentarités africaines sont fortes. Si les obstacles logistiques et réglementaires restent importants, la rencontre d’Alger aura le mérite de rapprocher des acteurs économiques qui, jusqu’ici, commerçaient davantage avec l’Europe ou l’Asie qu’entre eux.
En accueillant l’IATF 2025, l’Algérie ne se contente pas de jouer le rôle d’hôte d’une grande foire commerciale. Elle envoie un signal clair : celui d’un pays qui veut se tourner vers son continent pour construire des partenariats plus équilibrés et mieux adaptés aux réalités africaines. Le succès de cette démarche dépendra de la capacité des acteurs à transformer les promesses de contrats en projets pérennes, capables de renforcer l’intégration économique africaine.



