Énergie solaire au Maghreb : ce pays consolide sa place en Afrique du Nord

Au Maghreb, la transition énergétique connaît des trajectoires contrastées. L’Algérie, longtemps dépendante de ses ressources fossiles, commence à investir dans de grands projets solaires, mais reste en retrait par rapport à ses voisins. La Tunisie, quant à elle, avance à petits pas avec des initiatives locales et une production encore limitée. Le Maroc, en revanche, s’impose comme le moteur régional : entre ses centrales solaires géantes, comme Noor Ouarzazate, et ses investissements industriels récents, le Royaume se démarque comme le pays le plus ambitieux et le plus avancé dans le secteur des énergies renouvelables. Cette stratégie lui permet non seulement de réduire sa dépendance énergétique, mais aussi de se positionner comme un acteur clé sur le marché africain des technologies solaires.

Une capacité de production doublée et un nouvel atout industriel

En atteignant une capacité industrielle de 1 gigawatt par an, le Maroc franchit un cap décisif. Cette montée en puissance est portée par l’usine Almaden Morocco, située à Al Hoceïma, fruit d’un partenariat avec le fabricant italien Ecoprogetti. Initialement calibrée pour produire 500 MW, cette unité est désormais la plus grande de tout le Maghreb et de l’Afrique du Nord rapporte Hespress.

Cette avancée n’est pas anodine. Alors que près de 80 % des panneaux photovoltaïques utilisés en Afrique proviennent encore de Chine, le Maroc devient l’un des rares pays capables de réduire cette dépendance. En doublant sa capacité, il se positionne comme une alternative crédible pour les pays africains désireux de diversifier leurs approvisionnements.

Un marché africain en pleine expansion

Le rapport du think tank énergétique Ember révèle une forte accélération de l’adoption du solaire en Afrique. En un an, vingt pays ont battu des records d’importation de panneaux, dépassant pour chacun les 30 MW installés. Sept autres nations ont également franchi des seuils historiques, même à une échelle plus modeste.

Malgré cette croissance, la dépendance au marché chinois reste écrasante : les importations africaines de panneaux fabriqués en Chine ont augmenté de 60 % en un an, atteignant 15 032 MW à fin juin 2025. Hors Afrique du Sud, ces volumes ont presque triplé en deux ans, passant de 3 734 MW à 11 248 MW. Dans ce paysage dominé par Pékin, le Maroc et l’Afrique du Sud se distinguent comme les deux seuls pays disposant de capacités industrielles significatives.

Le Royaume chérifien pourrait ainsi jouer un rôle stratégique dans les prochaines années. À mesure que l’Afrique cherche à électrifier ses zones rurales, à alimenter écoles, hôpitaux et infrastructures via des solutions solaires locales, le Maroc pourrait devenir un fournisseur régional incontournable, aux côtés des géants égyptiens en pleine montée en puissance, comme EliTe Solar (3 GW dès septembre 2025) et Sunrev Solar (2 GW en 2026).


Une opportunité pour l’Afrique, un pari pour l’avenir

En doublant sa production, le Maroc ne se contente pas d’investir dans l’énergie solaire : il investit dans sa souveraineté énergétique et son influence régionale. Dans un continent où les besoins électriques explosent, la capacité à produire localement des panneaux photovoltaïques devient un levier stratégique majeur.

Si le pays parvient à transformer son avantage industriel en offre compétitive à destination des marchés africains, il pourrait non seulement accroître ses revenus d’exportation, mais aussi contribuer à réduire la dépendance collective du continent aux importations asiatiques. Dans une Afrique en quête d’indépendance énergétique, le Maroc s’affirme comme un pionnier. La décennie à venir dira s’il parvient à transformer cette position en leadership durable.

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