En 2020, Yahaya Sharif-Aminu, un jeune musicien nigérian alors âgé de 22 ans, voit sa vie basculer après la diffusion d’une de ses chansons sur WhatsApp. Originaire de Kano, un État du nord du Nigeria où la charia est en vigueur, il devient la cible d’une polémique judiciaire aux répercussions internationales.
Accusé de blasphème, un délit passible de la peine capitale dans cette région, il est arrêté en mars 2020 après des émeutes violentes : sa maison familiale est incendiée, et les tensions locales s’enveniment. Condamné à mort par pendaison par une cour islamique, son procès soulève des questions sur l’équilibre entre tradition religieuse et droits fondamentaux.
Un combat pour la liberté d’expression
Son cas cristallise les contradictions d’un système où la liberté artistique se heurte à des lois strictes, tandis que son emprisonnement prolonge une attente angoissante, entre espoir et incertitude. En 2021, sa condamnation est alors annulée, et un nouveau procès est ordonné.
Amnesty International, à son soutien
Ses défenseurs, soutenus par Amnesty International, dénoncent une loi sur le blasphème incompatible avec la Constitution nigériane et les standards internationaux. L’organisation alerte sur ses conditions de détention, notamment l’absence de soins pour son asthme chronique, et réclame sa libération immédiate.
Depuis 2022, l’affaire traîne devant la Cour suprême, symbole des lenteurs d’une justice aux prises avec des enjeux politiques et sociaux majeurs. Toujours incarcéré à Jos, dans le centre du pays, Yahaya incarne les tensions entre justice locale et droits humains. Son histoire interroge : comment concilier respect des croyances et protection des libertés individuelles dans un Nigeria divisé entre systèmes juridiques ?
La peine de mort, un débat toujours ouvert
Le Nigeria reste l’un des rares pays à maintenir la peine capitale, avec des applications disparates selon les États. À Kano, la charia permet des sanctions extrêmes pour des délits comme le blasphème, alors que des voix s’élèvent pour une réforme judiciaire et l’abolition de cette peine.
Parmi les autres pays à toujours avoir la peine de mort en vigueur, se trouvent la Chine, l’Iran, mais aussi l’Arabie Saoudite et les États-Unis. Au total, ce sont 55 nations qui ont décidé de la conserver, suscitant l’indignation de nombreuses associations et d’une partie des populations locales.


