Passeport et carte biométriques : l’AES accélère son intégration

Les États membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont franchi une nouvelle étape en lançant un passeport biométrique commun et en préparant la mise en place d’une carte nationale d’identité unifiée. Le document de voyage est officiellement en circulation depuis le 29 janvier 2025, tandis que la carte d’identité est encore au stade réglementaire. Ces initiatives visent à renforcer la mobilité des citoyens et à consolider la souveraineté régionale. L’un des enjeux majeurs reste la reconnaissance internationale de ces documents, condition indispensable pour faciliter les déplacements.

Le passeport commun en circulation

Le passeport biométrique AES est délivré au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Conçu selon les normes internationales, il contient une puce électronique et des dispositifs renforcés de sécurité. Les autorités indiquent que les anciens passeports restent valides jusqu’à leur expiration, ce qui permet une transition progressive. Les détenteurs du nouveau document ont déjà pu voyager, même si des blocages ont été signalés lors des premiers mois d’utilisation dans certaines chancelleries. Depuis avril 2025, la France reconnaît officiellement ce passeport, ce qui a facilité l’accès aux visas Schengen. D’autres pays devraient suivre cette démarche, même si le processus d’acceptation complète reste inégal.

Une page de présentation gouvernementale précise que le document comporte 34 pages et qu’il est valable cinq ans. Pour renforcer la confiance des usagers et des partenaires étrangers, les autorités de l’AES ont transmis des spécimens aux représentations diplomatiques. Cette étape est jugée essentielle pour garantir une reconnaissance uniforme. Le passeport biométrique devient aussi un outil politique, en matérialisant la volonté des trois États de consolider une identité partagée. Les institutions régionales souhaitent que ces innovations servent à terme de référence pour d’autres pays africains, une orientation déjà évoquée dans plusieurs discours officiels accessibles en ligne.

La future carte d’identité biométrique

Parallèlement au passeport, l’AES prépare une carte d’identité biométrique commune. Un projet de décret a été examiné afin de fixer les normes techniques et les conditions de délivrance. L’objectif est de permettre aux citoyens des trois pays de disposer d’un document unique, reconnu sur l’ensemble du territoire confédéral. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de modernisation administrative et de sécurisation des identités. Des sources officielles annoncent que les caractéristiques techniques ont été harmonisées lors d’une réunion à Bamako en novembre 2024. La mise en circulation effective dépend désormais de l’adoption des textes définitifs et du déploiement des équipements d’enrôlement.

Ce projet de carte s’inscrit dans une continuité institutionnelle. L’AES a été créée en septembre 2023 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, après leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les trois gouvernements, issus de régimes militaires, avaient alors signé une charte fondant une alliance de défense et de coopération. L’objectif affiché était double : renforcer la sécurité face aux groupes armés actifs dans le Sahel et affirmer une autonomie politique et économique plus marquée. Au-delà de l’aspect militaire, l’intégration s’est progressivement élargie aux domaines économiques et sociaux, avec la perspective d’une monnaie commune et de documents d’identité unifiés. Cette orientation traduit une volonté de souveraineté accrue vis-à-vis des anciennes dépendances extérieures. L’ensemble de ces démarches témoigne d’une volonté d’accélérer l’intégration régionale à travers des instruments concrets. Le passeport est déjà utilisé par certains voyageurs, et la carte biométrique devrait prochainement compléter le dispositif.

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