Les universités du Québec affrontent une baisse marquée du nombre d’étudiants étrangers, un phénomène qui commence à peser lourdement sur leur équilibre financier. Si ces établissements ont longtemps profité d’une solide attractivité internationale, ils doivent aujourd’hui composer avec une réduction de revenus et une perte de vitalité sur leurs campus.
Un modèle d’attractivité qui vacille
Pendant des décennies, le Québec a figuré parmi les destinations les plus prisées des étudiants venus d’Afrique francophone, d’Europe ou d’Amérique latine. Le coût des études, jugé plus abordable qu’ailleurs au Canada, la qualité des formations, ainsi que la possibilité d’étudier en français faisaient du réseau universitaire québécois une porte d’entrée vers le monde académique nord-américain. Ces atouts avaient permis de bâtir un modèle d’enseignement supérieur ouvert, dynamique et partiellement financé par les frais majorés versés par les étudiants étrangers.
Cet équilibre s’est toutefois fragilisé. Les données récentes montrent une chute significative des inscriptions : certaines universités francophones, comme Sherbrooke ou Montréal, enregistrent des reculs de plus de 30 % au premier cycle. Dans l’ensemble du réseau, la baisse dépasse les 12 %, selon plusieurs estimations relayées par la presse spécialisée. Cette contraction ne relève pas d’un simple ajustement conjoncturel : elle remet en cause une source de financement essentielle pour de nombreux établissements.
Des pertes financières et une adaptation forcée
Les étudiants étrangers apportent des revenus substantiels. En 2022, leur présence générait environ 4,2 milliards $ CAD en dépenses directes au Québec, contribuant à plus de 3,8 milliards $ CAD au produit intérieur brut provincial, selon Global Affairs Canada. Chaque départ ou dossier non accepté représente donc bien plus qu’un siège vide en amphithéâtre : c’est une part de ressources financières et d’animation intellectuelle qui s’évapore.
Le resserrement des politiques fédérales sur les permis d’études et la limitation provinciale des candidatures ont restreint les flux entrants. Certaines universités, particulièrement dépendantes des droits de scolarité étrangers, se retrouvent contraintes de revoir leurs budgets, reporter des projets ou réduire certaines offres de cours. Le phénomène touche aussi les villes étudiantes, où la baisse du nombre d’étudiants internationaux se répercute sur le logement, la restauration et les services de proximité.
À plus long terme, la diminution du nombre d’étudiants venus de l’étranger pourrait freiner la diversité des perspectives dans les salles de classe et amoindrir la visibilité du Québec sur la scène universitaire mondiale. Plusieurs responsables universitaires craignent un effet domino : moins d’étudiants internationaux signifie moins de partenariats, moins de projets de recherche conjoints et une baisse d’attractivité globale. Pour un système qui a longtemps misé sur son ouverture et sa réputation internationale, la question n’est plus de savoir s’il faut s’adapter, mais comment et à quel coût.
Alors que les établissements cherchent à maintenir leur équilibre financier, beaucoup redoutent une transformation durable du paysage universitaire québécois. Les prochains mois diront si la province parviendra à retrouver l’élan qui faisait d’elle un pôle d’accueil incontournable pour les talents venus d’ailleurs.
