Entre l'Algérie et le Maroc, la Russie cherche l’équilibre diplomatique

La Russie semble décidée à jouer une partition subtile au Maghreb. Alors que Moscou entretient une alliance militaire solide avec Alger, elle multiplie désormais les signaux d’ouverture à l’égard de Rabat. La visite annoncée du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et les entretiens qu’il doit tenir avec son homologue marocain, Nasser Bourita, s’inscrivent dans cette volonté d’équilibrer les relations entre deux puissances maghrébines souvent en désaccord.

Moscou mise sur la coopération pragmatique avec Rabat

Le chef de la diplomatie russe et le ministre marocain doivent examiner ensemble de nouvelles pistes de coopération bilatérale comme l’a annoncé le média lematin. Les discussions porteront notamment sur le développement économique, scientifique et technique entre les deux pays. Nasser Bourita co-présidera, aux côtés du vice-Premier ministre Dmitry Patrouchev, la huitième session de la Commission mixte intergouvernementale russo-marocaine. Objectif : renforcer la dynamique d’échanges commerciaux et exploiter le potentiel économique encore sous-utilisé entre Rabat et Moscou.

Les relations entre les deux capitales reposent sur une longue tradition de respect mutuel, nourrie par des décennies d’échanges culturels et diplomatiques. Les dirigeants des deux États, le roi Mohammed VI et le président Vladimir Poutine, ont su maintenir un dialogue constant malgré les évolutions du contexte international. Cette stabilité diplomatique offre aujourd’hui à la Russie une opportunité : consolider son ancrage dans un royaume considéré comme un partenaire fiable et modéré sur la scène régionale.

Une diplomatie russe à la recherche d’équilibre au Maghreb

Depuis plusieurs années, Moscou tente d’affirmer son influence au Maghreb à travers une approche différenciée. L’Algérie reste un allié stratégique de premier plan, notamment sur le plan militaire, avec d’importants contrats d’armement et une coopération sécuritaire soutenue. Mais en cherchant à se rapprocher du Maroc, la Russie veut démontrer qu’elle peut entretenir des relations constructives avec les deux pôles du Maghreb, sans alimenter leurs rivalités historiques.

Ce positionnement équilibré, bien que délicat, s’explique par les ambitions économiques et géopolitiques du Kremlin. Le Maroc offre un accès privilégié au continent africain, une stabilité politique rare dans la région et une diplomatie tournée vers la diversification des partenariats. En parallèle, Moscou sait que son lien avec Alger demeure essentiel pour son influence énergétique et militaire dans la zone. La Russie tente donc un exercice d’équilibriste : maintenir son partenariat stratégique avec l’Algérie tout en développant, avec le Maroc, une coopération davantage axée sur l’économie, la science et la culture.

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