Face à la montée des violences djihadistes au Sahel, le Tchad cherche à rassembler autour d’une stratégie régionale plus coordonnée. Depuis Rome, Mahamat Idriss Déby Itno a lancé un appel remarqué à ses voisins et partenaires, exhortant à une « union d’action » face à une menace qu’il juge autant militaire qu’idéologique et économique. Pour le président tchadien, la sécurité ne peut être obtenue que par une réponse globale — armée, politique et sociale — capable d’assécher les causes profondes de l’extrémisme.
Vers un front élargi contre la menace commune ?
Les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) — Mali, Burkina Faso et Niger — ont déjà engagé une coopération militaire renforcée pour contrer les groupes armés opérant entre leurs frontières. Une force conjointe, un partage de renseignements et des opérations coordonnées sont les piliers de cette initiative née d’un même constat : aucune armée ne peut, seule, endiguer la poussée terroriste dans une région aussi vaste et mouvante. Malgré les difficultés logistiques et financières, ces États entendent consolider leur autonomie sécuritaire. C’est à cette dynamique que le Tchad souhaite désormais se joindre, estimant qu’une alliance isolée ne suffit pas à protéger durablement la bande sahélo-saharienne.
Le pari tchadien d’une coalition plus intégrée
Depuis le Processus d’Aqaba, organisé à Rome, Mahamat Idriss Déby a plaidé pour un pacte sécuritaire renouvelé. L’idée : bâtir une force commune Sahel–Lac Tchad, dotée d’un commandement unifié et soutenue par la communauté internationale. Pour appuyer cette vision, le président a mis en avant le plan “Tchad Connexion 2030”, conçu comme un instrument de stabilisation à long terme, associant sécurité, éducation et gouvernance.
Déby ne se limite pas à l’approche militaire : il mise aussi sur la diplomatie et le développement. Une table ronde internationale à Abu Dhabi, prévue pour novembre 2025, doit permettre de lever des fonds afin de financer ce projet. Cette stratégie montre sa conviction que la guerre contre le terrorisme ne peut être gagnée seulement avec des armes, mais avec des écoles, des emplois et une gouvernance réhabilitée.
En pointant la responsabilité indirecte de certaines puissances étrangères dans la déstabilisation d’États fragiles, le chef de l’État tchadien cherche à rappeler que le terrorisme prospère toujours sur les ruines des déséquilibres politiques. Son message sonne comme une main tendue : renforcer la coopération et élargir la coordination pour mieux sécuriser la région.



