Sur la place Jemaa el-Fna, cœur vibrant de Marrakech où se croisent musiciens, conteurs et touristes du monde entier, la curiosité d’une visiteuse espagnole a pris une tournure inattendue. Venue profiter de l’effervescence du lieu, elle a été interpellée par la police pour avoir distribué des brochures à teneur religieuse, invitant à se tourner vers le christianisme. Ce geste, apparemment anodin pour certains, a soulevé un sujet sensible au Maroc : la limite entre liberté de conviction et prosélytisme interdit par la loi.
Une arrestation symbolique au centre de Marrakech
Selon plusieurs sources locales qui cite le média Rue 20, la ressortissante espagnole a été surprise en train de remettre des documents promouvant la foi chrétienne à des passants sur la célèbre place. Les agents, alertés par l’attitude jugée suspecte, l’ont aussitôt conduite au commissariat pour audition. Après l’établissement d’un procès-verbal et l’assistance d’un interprète, la touriste a été relâchée, en attendant que la procédure suive son cours.
L’article 220 du Code pénal marocain précise qu’il est puni de six mois à trois ans d’emprisonnement, assorti d’une amende, quiconque tente d’ébranler la foi d’un musulman ou cherche à le convertir par des moyens de persuasion ou d’aide matérielle. Ce texte, régulièrement évoqué lorsqu’un cas de prosélytisme est signalé, trouve dans cet épisode une nouvelle illustration de sa portée concrète. À Marrakech, où la coexistence religieuse se vit souvent dans le respect discret des traditions, la démarche de la touriste a été perçue comme une infraction manifeste à cette règle.
Des précédents qui rappellent la sensibilité du sujet
Ce n’est pas la première fois que des activités de diffusion religieuse attirent l’attention des autorités marocaines. En avril 2025, deux membres d’un mouvement spirituel issu de l’islam, l’Ahmadi Religion of Peace and Light, avaient été arrêtés à Marrakech pour distribution de tracts à caractère missionnaire. Leur action, considérée comme contraire à la législation nationale, avait relancé le débat sur les limites de la tolérance religieuse au sein du royaume. Cet antécédent illustre combien toute tentative de diffusion de croyances étrangères à l’islam est observée de près par les services de sécurité — et explique sans doute la réactivité des autorités face au geste de la touriste espagnole.
Une ligne rouge réaffirmée
L’épisode de Jemaa el-Fna agit comme un rappel des équilibres que le Maroc cherche à préserver : d’un côté, l’ouverture culturelle qui fait sa réputation, de l’autre, la protection d’un cadre religieux et social auquel la population demeure profondément attachée. Dans une société où l’islam structure la vie publique, la propagation d’autres doctrines reste perçue comme une intrusion plus que comme un dialogue spirituel.



