Affaire foncière au Bénin : 16 millions réclamés au député Nathanaël Sokpoékpé

Un nouvel épisode s’ajoute aux contentieux fonciers qui alimentent régulièrement l’actualité judiciaire. Sessi S. Didier, gestionnaire et comptable, affirme avoir acquis auprès du député Nathanaël Sokpoékpé un domaine d’environ un hectare pour un montant de seize millions de francs CFA. Estimant avoir été lésé, il a engagé une procédure devant la Cour spéciale des affaires foncières (CSAF). Lundi 24 novembre, il a exposé publiquement sa version des faits et indiqué les démarches entreprises depuis 2019.

D’après ses déclarations, l’affaire remonte à l’année où le député lui aurait manifesté la volonté de lui céder un terrain à Hêvié Dossoumon. « Moi j’ai dit ok, j’ai cru en lui et on s’est entendu sur un montant de 16 millions de francs CFA. Je lui ai payé la somme en trois tranches, il a encaissé », explique-t-il. La situation bascule en 2024 lorsqu’un collaborateur l’informe que des constructions apparaissent sur le domaine. Il affirme avoir contacté l’élu, sans obtenir d’explications satisfaisantes. Après une visite sur les lieux, il dit avoir constaté la disparition de la plaque installée pour matérialiser l’emplacement. Les personnes présentes sur le site lui auraient indiqué que le terrain appartient à leur mère.

Peu après, il reçoit une convocation du commissariat de Toribossito, toujours en lien avec ce même dossier. Les échanges qu’il rapporte avec le député ne permettent pas d’éclaircir la situation. Une visite menée avec le commissaire et les agents mobilisés aurait révélé que la parcelle se trouve dans la zone de Tori, et non dans Hêvié.

Face à ces éléments, Sessi S. Didier dit avoir fait intervenir un huissier pour établir un constat. Il déclare avoir initié l’assignation du député en mars 2024. Plusieurs tentatives de règlement à l’amiable auraient été envisagées, notamment à la demande de l’élu, sans résultat concret : « Il a proposé au plus tard, le 1er juillet passé, qu’il va honorer. Je lui ai dit d’accord. » Selon lui, aucune suite n’aurait été donnée.

Lors des audiences, il indique s’être présenté à chaque convocation, tandis que l’élu ou son conseil se seraient montrés irréguliers. Il dit avoir ensuite saisi par courrier le Président de la République, le président du Bloc Républicain et le président de la CSAF, en y joignant les pièces du dossier. « Je veux mes 16 millions », résume-t-il.

En parallèle, une lettre datée du 20 novembre 2025 et adressée au président de la CSAF formalise sa plainte avec constitution de partie civile. Dans ce courrier, il accuse le député Sokpoékpé d’« escroquerie en parcelle, faux et usage de faux en écriture authentique et vente de parcelle d’autrui ». Il soutient que le terrain vendu serait en réalité un bien de la collectivité Tchin, dont certains membres seraient en détention. Il affirme aussi que les documents remis par l’élu présenteraient un caractère irrégulier.

La requête déposée devant la CSAF s’appuie sur plusieurs pièces : attestation d’instance, convention de vente, levé topographique, assignation en annulation de la convention et copie d’un titre foncier lié au domaine litigieux. Ces documents, selon lui, démontrent la nécessité d’un examen judiciaire approfondi. Pour l’heure, le dossier suit son cours devant la Cour spéciale des affaires foncières. Aucune autre communication officielle n’a été rendue publique. L’intéressé dit attendre que la justice tranche et que les autorités saisies réagissent. Quant à l’élu mis en cause, il n’a pas encore livré publiquement sa version des faits.