Après avoir accueilli plusieurs centaines de Palestiniens arrivés dans des conditions troubles, Pretoria change de cap. Les autorités sud-africaines refusent désormais d’autoriser les vols charters transportant des réfugiés de Gaza à survoler leur territoire.
Pretoria bloque les demandes de survol depuis les Émirats et la Jordanie
Selon le quotidien sud-africain City Press, l’Afrique du Sud n’a délivré aucune autorisation de survol aux appareils affrétés pour transporter des Palestiniens. Une dizaine de requêtes auraient été soumises ces dernières semaines, émanant notamment des Émirats arabes unis et de la Jordanie, sans qu’aucune ne reçoive de réponse favorable.
Cette fermeture intervient après deux épisodes qui ont profondément embarrassé le gouvernement sud-africain. Fin octobre puis mi-novembre, deux avions ont atterri à l’aéroport de Johannesburg avec à leur bord respectivement 176 et 153 Palestiniens. Ces passagers, dont les passeports ne portaient aucun tampon de sortie, ignoraient pour la plupart leur destination finale. Retenus pendant des heures sur le tarmac, ils ont finalement été admis sur le territoire grâce à l’intervention d’une ONG locale.
Une arnaque orchestrée par un ressortissant israélo-estonien
Ces Palestiniens avaient versé jusqu’à 5 000 dollars par personne à une organisation baptisée Al-Majd, qui promettait de les évacuer de Gaza. L’enquête menée par plusieurs médias, dont le quotidien israélien Haaretz, a révélé que cette structure opaque était dirigée par un certain Tomer Janar Lind, ressortissant israélo-estonien. Ce dernier serait lié à une unité du ministère israélien de la Défense chargée de faciliter les départs de Palestiniens. L’ambassade de Palestine en Afrique du Sud a dénoncé une organisation ayant exploité la détresse des familles gazaouies pour les duper et collecter leur argent.
Le président Cyril Ramaphosa avait alors affirmé que ces personnes semblaient avoir été « poussées dehors ». Pretoria a ouvert une enquête de ses services de renseignement, soupçonnant une opération visant à déplacer les Palestiniens hors de leur territoire. En fermant son espace aérien, l’Afrique du Sud entend manifestement éviter de se retrouver à nouveau devant le fait accompli.
