Blé : la France en difficulté à cause des tensions avec l'Algérie ?

La filière céréalière française traverse une zone de turbulence. Le marché algérien, longtemps considéré comme l’un de ses débouchés les plus stables, s’est brutalement refermé, provoquant un choc commercial pour les producteurs et exportateurs de blé. Selon un rapport présenté à l’Assemblée nationale française le 5 novembre, l’Algérie n’a plus importé de blé tendre français en 2023 et 2024, alors qu’elle en achetait jusqu’à cinq millions de tonnes par an depuis 2018. Selon RT, cette rupture fragilise un pilier historique des échanges agricoles entre les deux pays.

Tensions politiques France-Algérie : un impact direct sur les exportations de blé

Les relations entre Paris et Alger connaissent depuis plusieurs années une série d’épisodes houleux. Entre désaccords diplomatiques, restrictions de visas et divergences sur les dossiers sahéliens, les rapports bilatéraux se sont progressivement détériorés. L’Algérie a, à plusieurs reprises, dénoncé ce qu’elle percevait comme un manque de respect de la part de la France, tandis que cette dernière a tenté de rétablir un dialogue sans succès durable. Ces crispations ont fini par déborder sur le plan économique, notamment dans le secteur agricole, où la dépendance commerciale était pourtant forte.

Le rapport de la Commission des affaires économiques souligne que la suspension des achats algériens de blé français n’est pas seulement une décision commerciale. Elle traduit une volonté politique affirmée d’Alger de diversifier ses fournisseurs, mais aussi de marquer une distance avec Paris. Cette fermeture du marché algérien, autrefois responsable de la moitié des exportations françaises de blé tendre, a provoqué un recul significatif du surplus commercial agricole français en 2024.

Recomposition des marchés et incertitudes pour la filière française

Privés du débouché algérien, les exportateurs français doivent désormais se tourner vers de nouveaux marchés. Mais la tâche s’avère complexe. Le rapport parlementaire évoque un “risque peu maîtrisé” pour les acteurs du secteur, contraints de prospecter des destinations moins familières et souvent plus concurrentielles. Le Maghreb représentait jusqu’à présent un espace privilégié pour le blé français, en raison de la proximité géographique et des liens historiques. La perte de ce partenaire majeur oblige la France à repenser sa stratégie agricole extérieure.

Les conséquences économiques sont déjà perceptibles. L’agriculture française, traditionnellement excédentaire dans ses échanges, voit son équilibre fragilisé. Les céréaliers s’inquiètent d’une baisse durable de leurs revenus, tandis que les institutions françaises appellent à accélérer la recherche de nouveaux partenaires commerciaux en Afrique subsaharienne, en Asie ou au Moyen-Orient.

Un tournant pour la diplomatie économique française

L’épisode du blé met en évidence la vulnérabilité d’un modèle d’exportation dépendant de quelques partenaires clés. Pour la France, cette perte ne se limite pas à une simple ligne comptable : elle révèle la nécessité de mieux articuler diplomatie et stratégie commerciale. Tant que les relations franco-algériennes resteront tendues, la reprise du commerce céréalier paraît compromise. En attendant, les producteurs français devront s’adapter à une réalité nouvelle, marquée par plus de concurrence et moins de certitudes.

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