L’Algérie veut accélérer la modernisation de son agriculture et réduire sa dépendance alimentaire. Le gouvernement a prévu d’allouer près de 6 milliards de dollars au secteur dans le cadre du projet de Loi de finances 2026, une enveloppe sans précédent qui traduit la volonté des autorités de donner un nouveau souffle à une filière longtemps sous-financée. L’information a été rapportée par Agence Ecofin
L’agriculture, un pilier économique encore fragile
Avec une contribution de 13 % au PIB et environ 9 % de la population active employée, l’agriculture occupe une place notable dans l’économie algérienne. Cependant, elle reste loin de son potentiel. Malgré ses vastes terres cultivables et ses ressources hydriques importantes, le pays dépend encore largement des importations pour couvrir ses besoins alimentaires. Cette situation pèse sur la balance commerciale et sur la sécurité alimentaire nationale.
Dans d’autres pays du Maghreb, notamment au Maroc, le développement agricole a pris une tournure beaucoup plus dynamique. Là-bas, le secteur représente entre 13 et 15 % du PIB et assure un emploi direct ou indirect à près de 4 millions de personnes, soit environ 40 % de la population active. Ces chiffres traduisent la place stratégique qu’occupe la production agricole dans la stabilité économique et sociale du royaume.
Le Maroc, modèle de modernisation agricole régionale
Depuis plusieurs années, le Maroc a multiplié les réformes et les investissements dans son secteur agricole. En 2024, le pays a doublé ses investissements dans l’AgriFoodTech, une initiative visant à introduire davantage de technologies dans la production et la transformation des produits agricoles. Cette orientation vers l’innovation permet au royaume d’adapter son agriculture aux défis du changement climatique tout en stimulant la création d’emplois et la valeur ajoutée locale.
À l’inverse, l’Algérie a longtemps privilégié les hydrocarbures au détriment des filières agricoles. Les autorités semblent désormais vouloir corriger le tir. Le plan de financement de 6 milliards de dollars vise à accroître la production locale, améliorer les infrastructures rurales et renforcer la sécurité alimentaire du pays. Il pourrait aussi favoriser l’émergence d’un tissu d’entreprises agricoles et agroalimentaires plus compétitif.
Un virage décisif à confirmer
Le gouvernement algérien veut désormais faire de l’agriculture un véritable levier de diversification économique. L’objectif est clair : réduire la dépendance aux importations et rapprocher les performances nationales de celles du voisin marocain, devenu une référence régionale en matière de modernisation agricole. Si les fonds annoncés sont effectivement mobilisés et correctement utilisés, l’Algérie pourrait amorcer une transformation durable de son secteur rural.
Mais la réussite de cette stratégie dépendra de la capacité du pays à intégrer des pratiques modernes, à attirer les investisseurs privés et à soutenir les producteurs locaux. Sans cela, l’ambition de combler l’écart avec le Maroc risque de rester un horizon lointain.



