Depuis Londres, Noureddin Bongo Valentin, fils de l’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba, rompt le silence plus d’un an après le coup d’État du 30 août 2023. Dans un entretien accordé au magazine Le Point le 7 novembre 2025, il rejette les accusations de détournement de fonds publics et accuse les nouvelles autorités d’avoir instrumentalisé la justice. Cette prise de parole marque une tentative de réhabilitation personnelle alors que la transition militaire poursuit son épuration politique. Le moment choisi, entre stratégie d’image et défense judiciaire, interroge sur la place qu’il entend encore occuper dans la vie publique gabonaise.
Une parole calculée face aux accusations de détournement
Depuis sa mise à l’écart du pouvoir, Noureddin Bongo Valentin n’avait encore jamais pris la parole. Dans les colonnes du magazine Le Point, il affirme « n’avoir jamais détourné un centime d’argent public » et soutient qu’il n’a jamais eu accès à des comptes de l’État. L’ancien coordinateur général des affaires présidentielles décrit une procédure « instrumentalisée » et estime que les poursuites engagées à son encontre visent avant tout à légitimer le pouvoir issu du coup d’État. Son discours, livré depuis Londres où il réside désormais, semble destiné à répondre autant à la justice qu’à l’opinion publique nationale et internationale.
Le fils de l’ex-président évoque également son arrestation brutale au lendemain du putsch. Il affirme avoir été extrait de son domicile avec plusieurs proches, avant d’être détenu dans des conditions qu’il qualifie de dégradantes. À travers ce témoignage, Noureddin Bongo tente de reprendre la main sur un récit dominé jusqu’ici par les autorités de transition, qui l’accusent de corruption et de détournements massifs de fonds publics. Pour lui, les procédures judiciaires relèvent moins d’une quête de vérité que d’une justification politique de la rupture avec le régime Bongo.
Le Gabon après la chute d’Ali Bongo Ondimba
Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 2009, avait succédé à son père Omar Bongo, figure centrale de la vie politique gabonaise pendant plus de quarante ans. Son second mandat fut marqué par un grave accident vasculaire cérébral en 2018, qui l’affaiblit durablement. Cet épisode fragilisa son autorité et accentua les luttes internes au sommet de l’État. En août 2023, quelques heures après l’annonce de sa réélection contestée, un groupe d’officiers dirigé par le général Brice Oligui Nguema mit fin à son régime. Ali Bongo fut placé en résidence surveillée, tandis que plusieurs membres de sa famille, dont Noureddin Bongo Valentin, furent arrêtés.
Depuis, la transition militaire affirme vouloir assainir la gestion publique et restaurer la crédibilité des institutions. Les anciens dignitaires sont poursuivis pour détournement et blanchiment, tandis qu’une large partie du patrimoine de la famille Bongo fait l’objet d’enquêtes. Pour Noureddin Bongo, ces procédures s’apparentent à une justice sélective destinée à effacer cinquante ans d’héritage politique. Son intervention médiatique cherche donc à dissocier son nom de celui d’un système aujourd’hui désigné comme responsable des dérives du passé.
Cette sortie intervient au moment où le Gabon prépare des réformes institutionnelles et où la communauté internationale observe la transition avec prudence. En réaffirmant publiquement son innocence, Noureddin Bongo Valentin tente de se repositionner, sinon politiquement, du moins symboliquement. Son entretien au Point s’inscrit comme une étape clé dans sa stratégie de défense : reprendre la parole, contrôler le récit et tenter de restaurer une part de légitimité dans un pays encore marqué par la chute de la dynastie Bongo.