La Guinée a lancé une nouvelle phase de son industrie de la bauxite avec le premier chargement opéré par Nimba Mining au port de Kamsar le 4 novembre. Cette société publique remplace GAC et ambitionne de renforcer la valeur ajoutée sur le territoire. L’objectif annoncé dépasse l’exportation de minerai brut et inclut un projet d’usine d’alumine. L’enjeu économique est important pour un pays au cœur du secteur minier africain.
Le lancement officiel des opérations de Nimba Mining à Kamsar marque une étape significative pour l’industrie minière guinéenne. Un navire a embarqué environ 200 000 tonnes de bauxite issues des stocks laissés sur le site, première phase d’un volume d’environ 1,5 million de tonnes à expédier dans les prochaines semaines. Créée en août, cette entreprise publique prend la suite de Guinea Alumina Corporation, qui avait exercé pendant près de vingt ans avant de perdre son permis. Lors de la cérémonie, Djiba Diakité a évoqué « un symbole » de reprise de contrôle du secteur afin de renforcer la gestion nationale des ressources.
Guinée : vers une transformation industrielle de la bauxite
Le directeur de Nimba Mining, Patrice L’Huillier, a insisté sur une orientation axée sur la transformation locale. Selon lui, l’entreprise ne souhaite pas limiter son activité à l’exportation de minerai, indiquant que le transport ferroviaire devrait démarrer dès la fin du mois et que la mine de Tinguilinta pourrait reprendre en décembre. Il a également affirmé que le projet d’usine d’alumine serait lancé pour valoriser la bauxite sur place. Cette approche vise à structurer une filière industrielle plus complète, intégrant extraction, logistique et transformation.
La Guinée détient de vastes réserves de bauxite et figure parmi les principaux fournisseurs mondiaux. Malgré cette position, les retombées internes ont longtemps été réduites, car la majorité du minerai était exportée sans être transformée localement. Les procédés de raffinage pour obtenir de l’alumine, puis de l’aluminium, ont été limités, ce qui a freiné l’industrialisation et restreint les bénéfices économiques directs pour le pays. Le renforcement des capacités de traitement sur le sol guinéen pourrait générer plus de recettes, soutenir l’emploi et encourager la montée en compétence de la main-d’œuvre. Cette évolution serait également susceptible de diversifier l’économie et d’offrir davantage d’opportunités à long terme.
Le remplacement de GAC par Nimba Mining ouvre une période de réorganisation stratégique pour le secteur de la bauxite. La mise en service d’une unité de transformation représenterait un changement notable par rapport au modèle dominant de simple exportation. Plusieurs analystes considèrent que la réussite de cette transition dépendra de la capacité à mobiliser des financements, à développer les infrastructures et à sécuriser des partenariats techniques. Elle pourrait aussi contribuer à améliorer la compétitivité de la filière guinéenne face aux autres producteurs internationaux.
Nimba Mining au cœur de la stratégie minière guinéenne
Au-delà de l’événement de Kamsar, les autorités souhaitent renforcer la souveraineté économique dans le secteur minier. L’objectif est de structurer une chaîne de valeur plus intégrée, capable de conserver une part plus importante de la richesse créée. Cette démarche pourrait permettre à la Guinée de consolider sa place dans le marché mondial de l’aluminium et de stabiliser ses revenus liés aux matières premières. La construction d’infrastructures industrielles liées à la bauxite, si elle se confirme, constituerait un levier pour consolider les recettes publiques et améliorer les perspectives de développement.
Le lancement de Nimba Mining montre cette approche centrée sur la valorisation des ressources. Si les projets annoncés se concrétisent, la Guinée pourrait renforcer son influence dans l’industrie de la bauxite tout en améliorant l’impact économique interne. L’étape franchie début novembre apparaît comme un signal de réorientation vers une exploitation plus structurante pour l’économie nationale. Elle ouvre une phase où transformation locale, compétitivité et gestion publique prennent une place plus marquée dans la stratégie minière du pays.



