Les relations entre Abuja et Pékin prennent une tournure particulièrement visible alors que les échanges avec Washington se tendent autour de la question de la sécurité et de la protection des communautés religieuses au Nigeria. Les récentes déclarations chinoises montrent une volonté d’assumer clairement un rôle de partenaire politique et stratégique. Cette prise de position éclaire un rapport de forces international qui dépasse la seule scène nigériane.
Chine – Nigeria : un partenariat fondé sur la souveraineté et le développement
Au terme d’une rencontre à Abuja avec le conseiller à la sécurité nationale, Nuhu Ribadu, le représentant chinois Yu Dunhai a tenu à rappeler que la Chine compte poursuivre sa collaboration sécuritaire avec le Nigeria. Pékin situe cette coopération dans le cadre d’une relation politique déjà structurée, qui a pris de l’ampleur après la participation du président Bola Ahmed Tinubu au forum sino-africain organisé l’année précédente. Les deux pays ont alors engagé divers projets visant à renforcer des secteurs comme l’infrastructure, la sécurité et le développement local.
Le diplomate a insisté sur un principe jugé essentiel par Pékin : chaque État doit pouvoir gérer ses difficultés internes sans intervention imposée par des acteurs étrangers. La Chine considère que les choix politiques du Nigeria doivent rester entre les mains des autorités nigérianes et appuie la démarche du gouvernement consistant à adapter ses stratégies à ses réalités internes. À travers ce positionnement, la Chine affirme soutenir Abuja dans la défense de son autonomie décisionnelle.
Tensions autour des accusations de violences religieuses
Quelques jours plus tôt, les États-Unis avaient reproché au Nigeria de ne pas agir suffisamment face aux violences visant des chrétiens supposés dans certaines régions du pays. Donald Trump avait évoqué des sanctions et même laissé entendre qu’une intervention américaine ne serait pas exclue si le gouvernement nigérian ne changeait pas d’approche. Abuja avait repoussé ces critiques en expliquant que les attaques concernent aussi bien des fidèles chrétiens que musulmans, et que la dimension religieuse n’explique pas à elle seule l’ensemble des violences.
Cette divergence d’interprétation a révélé deux lectures opposées : Washington cherche à conditionner sa relation avec Abuja à des engagements précis, tandis que le Nigeria insiste sur la complexité sécuritaire et sur sa responsabilité propre. La position chinoise prend ainsi tout son poids. En se déclarant aux côtés du Nigeria sans exiger de contreparties politiques, Pékin se place comme un soutien direct, offrant à Abuja un espace diplomatique face aux pressions américaines.
