Or en Afrique : les Émirats enregistrent une forte progression des achats

Les Émirats arabes unis renforcent leur mainmise sur le commerce aurifère africain. En 2024, le pays du Golfe a importé 748 tonnes d’or en provenance du continent. Selon un rapport de l’ONG helvétique SWISSAID, rapporté par Agence Ecofin, ce volume représente une hausse de 18 % sur un an et confirme la place centrale de l’Afrique dans les échanges aurifères avec Dubaï, qui capte désormais plus de la moitié des importations totales d’or émiraties.

Dubaï, plaque tournante du métal africain

Le cœur du commerce se joue à Dubaï, où le métal jaune venu d’Afrique transite avant de rejoindre les grands circuits internationaux. Les principaux exportateurs vers les Émirats sont le Togo, l’Ouganda et le Rwanda, des pays dont les capacités de production nationale sont pourtant limitées. Le rapport de SWISSAID indique que ces États servent souvent de points de passage pour de l’or extrait ailleurs sur le continent, notamment dans des zones où le contrôle gouvernemental reste faible.

Cette situation alimente depuis plusieurs années les interrogations sur l’origine exacte de l’or négocié aux Émirats. Le volume croissant des importations africaines renforce le poids économique du pays du Golfe, mais soulève aussi des questions sur les mécanismes de traçabilité et la part de métal issue de filières non déclarées.

Le Soudan, un producteur stratégique au cœur des soupçons

Le Soudan illustre les zones grises de ce commerce. Malgré les combats opposant l’armée aux Forces de soutien rapide, le pays demeure l’un des plus grands producteurs d’or d’Afrique. Des rapports internationaux ont évoqué des ventes d’or susceptibles d’alimenter financièrement certaines factions armées, notamment à travers des circuits d’exportation parallèles. Ces accusations ont placé les Émirats sous le feu des critiques, en raison de leur rôle central dans la redistribution du métal soudanais vers les marchés mondiaux.

L’or issu du Soudan pourrait ainsi se mêler à celui des pays voisins avant d’être réexporté vers Dubaï. Si les autorités émiraties affirment respecter les standards internationaux en matière de commerce responsable, la hausse rapide des volumes africains interroge sur les capacités de vérification réelles du pays et sur la solidité des contrôles appliqués à la chaîne d’approvisionnement.

Un commerce florissant, mais sous surveillance

L’intérêt croissant des Émirats pour le métal africain traduit leur volonté d’assurer un approvisionnement constant dans un contexte de forte demande mondiale. Mais cette dynamique attire également l’attention des organisations de surveillance et des États africains, soucieux de mieux valoriser leurs ressources minières et de freiner les pertes fiscales liées à la contrebande.

Alors que le continent dispose d’une part importante des réserves mondiales d’or, la question n’est plus seulement celle des volumes échangés, mais celle de la transparence et du partage équitable des revenus. Les chiffres de 2024 confirment l’appétit grandissant des Émirats pour le métal africain, un intérêt qui pourrait redéfinir durablement les équilibres du commerce aurifère mondial.

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