Procès Bongo : 20 ans pour Sylvia et Noureddin, crépuscule d’une puissante famille au Gabon

La justice gabonaise vient de prononcer un verdict qui restera dans les annales : Sylvia Bongo Ondimba, ancienne première dame, et son fils Noureddin Bongo Valentin ont été condamnés à 20 ans de réclusion criminelle par contumace rapporte plusieurs sources dont Africaradio. Ce jugement, rendu le 12 novembre 2025 par la cour criminelle spécialisée de Libreville, scelle la chute judiciaire d’un clan longtemps considéré comme intouchable au sommet de l’État.

Un système de détournement massif mis à nu

Le dossier jugé à Libreville décrit un vaste mécanisme de captation de fonds publics destiné à enrichir des intérêts privés. Selon le réquisitoire du procureur général Eddy Minang, plusieurs milliards de francs CFA ont transité illégalement des caisses de l’État vers des comptes ou des usages personnels. Les témoignages d’anciens collaborateurs et de co-accusés ont mis au jour une organisation structurée autour du fils et de l’épouse de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, évincé du pouvoir en août 2023.

À l’issue des audiences, la cour présidée par Jean Mexant Essa Assoumou a reconnu Sylvia Bongo, 62 ans, coupable de recel de détournement de fonds publics, blanchiment de capitaux et instigation au faux. Son fils Noureddin, 33 ans, a été déclaré coupable de détournement de deniers publics, concussion, usurpation de titres, blanchiment aggravé et association de malfaiteurs.

Outre la peine de prison, chacun devra s’acquitter d’une amende de 100 millions de francs CFA. Le tribunal a également ordonné le versement de 1 201 milliards de francs CFA à la charge de Noureddin Bongo pour le préjudice financier subi par l’État, ainsi que 1 000 milliards de francs CFA supplémentaires dus conjointement par la mère et le fils pour atteinte morale à la nation.

La fin d’une dynastie

Le verdict prononcé à Libreville prend une dimension symbolique dans un pays marqué pendant plus d’un demi-siècle par la domination d’une seule famille. De Omar Bongo Ondimba, arrivé au pouvoir en 1967, à son fils Ali Bongo, renversé en 2023, les Bongo ont dirigé le Gabon sans partage. L’emprise politique et économique de ce clan a façonné la vie nationale pendant plus de cinq décennies, entre centralisation du pouvoir et contrôle des ressources publiques.

La condamnation de Sylvia et Noureddin, figures de ce cercle restreint, constitue un tournant majeur : c’est la première fois que des membres directs de la famille présidentielle sont jugés et condamnés pour des faits de corruption et de détournement.

Un verdict historique

Pour de nombreux observateurs, cette décision judiciaire marque une étape décisive dans le processus de refondation de l’État gabonais. Elle traduit la volonté affichée par les autorités de transition, dirigées par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, de rompre avec les pratiques de gestion opaques qui ont longtemps caractérisé le pouvoir. La sévérité des peines et l’ampleur du remboursement imposé à la famille Bongo confèrent à ce jugement une portée sans précédent. Si le verdict a été rendu en leur absence, Sylvia et Noureddin Bongo restent désormais sous le coup d’un mandat judiciaire qui scelle la fin d’une ère politique.

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