Devant une foule nombreuse réunie à Dakar, le Premier ministre Ousmane Sonko a lancé de vives critiques à l’encontre de l’ancien président Macky Sall, accusant son régime d’avoir dissimulé une dette publique estimée à 130 % du PIB national. Le chef du gouvernement a dénoncé un « héritage économique lourd » et a appelé à une transparence totale sur la gestion financière de l’État. Dans un discours offensif, il a également invité son prédécesseur à « revenir au pays » pour répondre de sa gestion.
Le Premier ministre dénonce un « legs financier dangereux »
Sous les applaudissements de plusieurs milliers de partisans, Ousmane Sonko a accusé l’ancien pouvoir d’avoir laissé au Sénégal une situation économique qu’il juge alarmante. Selon lui, l’évaluation menée après l’alternance aurait révélé des dettes cachées représentant 130 % du produit intérieur brut. Il a affirmé que ces engagements non déclarés compromettaient la stabilité budgétaire du pays et hypothéquaient l’avenir des générations à venir.
Le leader de Pastef a déclaré que le régime précédent avait « faussé les chiffres » et trahi la confiance des citoyens. « Le régime précédent est coupable de haute trahison », a-t-il insisté, estimant que la charge de cette dette pèsera encore longtemps sur les finances publiques. Sonko a ajouté que « la seule personne qui a déçu les Sénégalais est au Maroc », allusion directe à Macky Sall, en l’invitant à « avoir le courage de revenir ». Ce discours, prononcé avec une rare fermeté, s’inscrit dans une séquence politique où le gouvernement cherche à affirmer sa rupture avec la gestion passée.
Tension économique sous fond de suspension de financement
Alors que ces accusations alimentent le débat national, les discussions entre le Fonds monétaire international (FMI) et les autorités sénégalaises se sont conclues, jeudi, sans nouvel accord de financement. La mission du FMI à Dakar a reconnu la volonté du gouvernement de restaurer la discipline budgétaire, tout en soulignant la nécessité de clarifier la situation réelle de la dette publique. L’institution internationale a indiqué que les pourparlers se poursuivront dans les prochaines semaines pour établir un nouveau programme de prêt.
Ce développement intervient à un moment où le Sénégal cherche à renforcer la confiance de ses partenaires financiers. Les révélations sur la dette non déclarée, située entre sept et onze milliards de dollars, pourraient peser sur les négociations en cours et retarder la reprise des financements extérieurs. Plusieurs observateurs estiment qu’une meilleure gouvernance budgétaire et une communication transparente avec les bailleurs seront indispensables pour redresser la trajectoire économique du pays.
La sortie de Ousmane Sonko illustre la tension entre continuité institutionnelle et exigence de reddition des comptes, dans un contexte où le gouvernement s’efforce de restaurer la crédibilité financière du Sénégal auprès de ses partenaires internationaux.



