Lors du téra meeting du Pastef organisé le 8 novembre 2025 sur le parking du stade Léopold Sédar Senghor, le Premier ministre Ousmane Sonko a tenu à clarifier la nature de sa relation avec le président Bassirou Diomaye Faye. Face à des milliers de partisans, il a affirmé qu’aucune division n’existait entre eux et que leur collaboration restait solide. Tout en saluant le travail du chef de l’État, Sonko a défendu une ligne politique ferme, insistant sur la justice, la transparence et la fidélité aux idéaux du parti. Cette sortie, très commentée, relance le débat sur l’équilibre interne du pouvoir exécutif.
Une mise au point et un avertissement politique
Dans un discours rythmé et offensif, Ousmane Sonko a balayé les rumeurs de mésentente avec Bassirou Diomaye Faye, assurant que « la dissension ne viendra pas de moi ». Le Premier ministre a rappelé la relation de confiance tissée avec le président depuis leurs années de combat politique, reconnaissant toutefois l’existence de divergences ponctuelles. Il a précisé que le chef de l’État, absent pour « un contretemps », sera présent au prochain meeting du Pastef, réaffirmant ainsi la cohésion du duo à la tête du pays.
Sonko a profité de cette tribune pour adresser plusieurs messages politiques forts. Il a invité le président à « s’adosser davantage à son parti majoritaire » plutôt qu’à « des alliés de la 25ᵉ heure », tout en insistant sur la nécessité de rendre justice aux victimes des manifestations et de sanctionner les fautes de gestion publique. Le Premier ministre a également dénoncé les agissements de deux collaborateurs du président, soupçonnés selon lui de manquements graves. Sur les réseaux sociaux, des militants du Pastef ont aussitôt réagi, réclamant leur limogeage.
Sonko a par ailleurs averti que la participation à l’effort du Plan de Redressement Économique ne saurait être complète tant que « le volet justice » ne serait pas traité. Ce positionnement marque la volonté du chef du gouvernement de défendre une approche politique axée sur la transparence et la responsabilité, fidèle à la ligne fondatrice de son parti.
Un tandem sous surveillance et des attentes grandissantes
Depuis leur arrivée aux responsabilités, les attentes placées dans le tandem Diomaye – Sonko sont immenses. Ils incarnent aux yeux de nombreux Sénégalais une promesse de rupture avec les pratiques passées et une gouvernance fondée sur la moralisation de la vie publique. Cependant, cette exigence de reddition des comptes, portée avec vigueur par la base militante du Pastef, avance lentement, soumise aux impératifs institutionnels et économiques du moment. Cette lenteur alimente parfois l’impatience de certains soutiens qui espèrent des gestes symboliques plus rapides.
Le président Bassirou Diomaye Faye, plus discret, s’attache à maintenir la stabilité politique et à renforcer les partenariats économiques, tandis que Sonko, sur le terrain, mobilise la base et occupe l’espace public. Cette dualité, complémentaire mais fragile, devra trouver un équilibre durable pour préserver la cohérence du pouvoir. L’évolution de ce tandem déterminera en grande partie la capacité du Sénégal à mener les réformes promises et à restaurer la confiance des citoyens.
La sortie du Premier ministre, à la fois rassurante et revendicative, illustre la complexité d’un duo appelé à conjuguer loyauté politique et rigueur institutionnelle dans une période charnière pour le pays.
