(20,7 millions $ distribués au total) La scène a marqué les esprits au Nigéria et bien au-delà. En décidant d’attribuer des primes exceptionnelles atteignant, pour certains bénéficiaires, l’équivalent d’un milliard de nairas, Abdul Samad Rabiu a envoyé un signal fort à l’intérieur de son groupe comme à l’extérieur. Au total, 20,7 millions de dollars ont été distribués à des employés de longue date du conglomérat BUA, un geste rare par son ampleur dans le secteur privé africain.
L’annonce, faite devant un parterre de salariés réunis à Lagos, n’a pas seulement mis en avant des chiffres spectaculaires. Elle a surtout remis au centre du débat la place des ressources humaines dans les grands groupes industriels africains, à un moment où la question du pouvoir d’achat reste très sensible.
Une reconnaissance financière hors norme
Près de 1 800 employés du groupe BUA, précisément 1 768, ont bénéficié de cette redistribution financière précise Business Insider Africa. Contrairement à certaines pratiques réservées aux cercles dirigeants, les montants ont concerné différents niveaux de responsabilité. Des cadres supérieurs aux employés de première ligne, chacun a reçu une gratification calculée en fonction de son ancienneté et de son rôle dans l’entreprise.
Les chiffres donnent la mesure de l’initiative. Cinq employés ont perçu chacun une somme équivalente à plus d’un milliard de nairas, soit environ 691 000 dollars. Cinq autres ont reçu près de 345 000 dollars. Pour des dizaines d’autres salariés, les primes ont varié de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers de dollars. Cette approche graduée a permis d’élargir la portée du geste, loin d’une récompense concentrée sur un nombre très limité de bénéficiaires.
L’annonce officielle est intervenue lors de la Soirée d’Excellence de la BUA, organisée le 13 décembre 2025 à l’Eko Hotel & Suites de Victoria Island, à Lagos. Cet événement annuel, consacré à la reconnaissance des années de service, a pris une dimension particulière cette année-là. Il ne s’agissait plus seulement de saluer la fidélité symboliquement, mais de la traduire par des montants concrets et immédiatement perceptibles.
Cette opération est intervenue après une autre décision notable prise plus tôt dans l’année : une revalorisation salariale de 50 % pour les employés du groupe. L’enchaînement de ces deux mesures a renforcé l’attention portée à la politique interne de BUA, notamment dans un environnement économique tendu où de nombreuses entreprises réduisent leurs charges.
Choix managériaux
Abdul Samad Rabiu n’est pas un acteur nouveau dans le paysage économique africain. Fondateur et président du groupe BUA, il a bâti en quelques décennies un conglomérat présent dans des secteurs clés tels que le ciment, le sucre, la farine, l’immobilier et les infrastructures portuaires. Sa trajectoire industrielle lui a valu d’être régulièrement classé parmi les plus grandes fortunes du continent, avec une progression notable de son patrimoine en 2025, qui l’a hissé au quatrième rang africain selon plusieurs classements spécialisés.
Au-delà des chiffres, Rabiu s’est forgé une réputation de dirigeant attaché à la consolidation de ses équipes. À travers BUA, il a souvent mis en avant l’importance des hommes et des femmes qui assurent le fonctionnement quotidien de ses usines et de ses services. Cette orientation managériale se traduit aussi par des promotions internes fréquentes et par une communication axée sur la stabilité de l’emploi.
C’est dans cette continuité que s’insère la décision de décembre 2025. En récompensant des employés présents depuis de nombreuses années, le patron de BUA a choisi de lier directement la performance du groupe à la loyauté de ses salariés. Le message est clair : la croissance industrielle ne repose pas uniquement sur les investissements matériels, mais aussi sur ceux qui en assurent l’exploitation au quotidien.



